Heidi Harsieber : l’amour au bord du temps

Heidi Harsieber interroge le corps sous toutes ses modalités : vivant ou cadavre, jeune ou vieux, « normal » ou trans, habillé ou souvent nu.  Pour autant il n’existe aucun voyeurisme dans un tel travail. C’est d’ailleurs ce qui donne toute sa force aux images de la jeune photographe. Elle s’intéresse actuellement à ceux qu’on nomme pudiquement « seniors ». Elle leur accorde une seconde jeunesse. Ils ne disent pas encore adieu à la vie. Au contraire. Sur le seuil des départs, leurs mains s’accordent encore des instants sans limite.

 

De fausses éternités s’étreignent en d’invisibles essaims. Il y a un pétale blessé sur un visage de celle qui est la maladie de l’homme. Elle le sauve. Les deux pensent à la lumière. Il existe pourtant bien des ombres d’hier, d’aujourd’hui, de demain mais dans les instants de prise elles ne pèsent plus sur le cœur. Les mains n’ont pas peur, elles se répondent, répandent la chaleur et envahissent les corps. On imagine une musique dont les vieux amants se souviennent. Sans romantisme à deux balles mais avec profondeur : bref Heidi Harsieber enveloppe  les êtres de palpitations. Sur leurs lèvres se forment des mots inconnus. Un invisible mouvement tourne doucement autour d’eux.

 

Jean-Paul Gavard-Perret


Heidi Harsieber, “Einblicke. Künstler und ihre Partner”, exposition du 4.juin au  14 septembre 2014, Untere Belvedere, Sonderausstellungsraum Spitzhof Rennweg 4, 1030 Wien. Livre catalogue :  textes  d’Agnes Husslein-Arco, Maria Christine Holter, 2014, 131 pages, Fotohof, Salzbourg, Autriche 

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