Juli Susin : l’image vierge folle et mère de la sagesse

Juli Susin prouve qu’il existe probablement une chose qui s’appelle « montrer pour découvrir ». L’invention du moi en est une conséquence.  Et c’est là le cœur théorique de l’approche du créateur. Ses œuvres sont à la photographie ce que  les fragments de Nietzsche sont à la philosophie : elles contestent l’  « Immaculata » des dogmes et permettent des confrontations aussi communicantes qu’intempestives. L’artiste traite certaines vieilles images comme contemporaines. Mais l’inverse est tout aussi vrai. Demeure une succession  d’enjambements, d’accords et désaccords plastiques qui ironisent le monde comme l’art à  partir d’un double matériau: l’archive et la création.

Le souvenir, ses perceptions, sa formation et la manière de la confronter au présent offrent des narrations qui deviennent des investigations véritables «Thinking-while-watching» chères à Wittgenstein. Elles convoquent et imbriquent de manière spéculative, l’art, la littérature, l’épuisement des métaphores et des raisonnements logiques. A travers l’œuvre  se repose une question essentielle : que voit-on quand on montre l’être ou le réel ? Le jeune créateur est donc à la recherche de l’« archi-image ». Il refuse la propension à croire coller la photographie au réel. Il s’agit plutôt de l’arracher non par un appareillage de référence mais dans un montage. Celui-ci serre ici de plus près les réels détours de la réalité. Ou des réalités - pour être plus juste – qui indiquent des irrationnels. Ils s’accompagnent les axes de l’imaginaire du créateur. Celui-ci change la mémoire officielle des temps.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

 

 Juli Susin , « Castle » (avec Véronique Bourgoin) 12 mars – 25 avril, FOTOHOF,  Salzburg, Autriche.

 

 

1 commentaire

adriane36

Ah! d'accord...