Edith Tudor-Hart : la photographe espionne

Cette remarquable exposition reprend dans son ensemble la vie et l'œuvre d'une photographe qui fut aussi espionne au service de l'URSS. Fotohof permet ainsi de comprendre  l'engagement de l'artiste et propose une sorte de réhabilitation

Edith Tudor-Hart (née Suschitzky) est née dans une famille juive de libraire de Vienne en 1908. Elle est morte en 1973 à Brighton. Elle étudia la photographie au Bauhaus avant de devenir puéricultrice à l'école Montessori de Vienne tout en  poursuivant la photographie dans le but de lutter d'abord contre le fascisme puis contre des pouvoirs qui dans leur politique ont oublié les pauvres.

Elle épouse le Britannique Alex Tudor-Hart, étudiant de Mélanie Klein. Le couple politisé à gauche s'installe à Londres. L'époux  fait la guerre d'Espagne avec les communistes tandis que sa femme  crée des reportages photographiques sur les réfugiés de la guerre d'Espagne et sur la région du nord-est de l'Angleterre en plein déclin industriel.

Sensibilisée aux problèmes de société, elle s'intéresse à la politique du logement et aux enfants handicapés dont elle se rapproche par la maladie et son fils qui va assombrir son existence.
Parallèlement, proche du Kominterm, elle devient espionne pour l'URSS et crée avec son groupe des dommages aux services secrets britanniques après-guerre. Elle sera découverte ,dans les années 1960.
Mais l'espionne fut photographe d'exception qui mit tout son art dans l'espoir de changer la société et le monde

Son petit-neveu, l'écrivain Peter Stephan Jungk, a consacré un film passionnant pour sa  réhabilitation (Tracking Edith) et un livre La chambre obscure d'Edith Tudor-Hart. Il tente de comprendre comment ce qui parait  désormais comme un coupable dévoiement (espionner pour Moscou) fut une manière de changer la donne avec l'idéal communiste.
Au delà  l'œuvre garde par sa force une manière de "dire" que peu de photographes ont atteint.

 

Jean-Paul Gavard-Perret


Edith Tudor-Hart, Moving and Growing, Wolf Suschitzky, No Resting Place, Fotohof, Salzburg, du 9 avril au 29 septembre 2020

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