"Les Jeux de l’art et de l’argent" de Marie-Hélène Grinfeder

Voici la parfaite illustration qu'on peut être prêtresse en son domaine et qu'il aurait été préférable de n'en pas sortir. Et même si elle n'en sort qu'à moitié, Marie-Hélène Grinfeder aurait mieux fait de rester la grande experte en art du XXe siècle qu'elle est plutôt que de s'aventurer dans le roman, policier en plus. Bien sûr, Les Jeux de l’art et de l’argent se joue dans le milieu qu'elle connaît, celui des commissaires-priseurs, de la haute société, de l'aristocratie des amateurs fortunés, mais un décor à peu près maîtrisé n'est pas assez pour faire un livre. Tout boucher ne ferait pas un bon Chabrol...

Il y a donc une enquête policière qui fait beaucoup voyager et des personnages pas si mal conçus même s'ils n'ont pas vraiment d'originalité. L'enquête en elle-même est bien conçue, mais disons que c'est un peu Marie-Hélène au pays des poncifs... L'intérêt du roman est purement ethnologique, découvrir les "dessous" du monde de l'Art, des commissaires-priseurs, des marchands, des collectionneurs avec le lot d'envieux et de vaniteux, de coups-bas et de traîtrises, même s'il faut en passer par une écriture sans épaisseur pour y parvenir. Cela aurait pu être très croustillant, mais le style peine à décoller, les lourdeurs  s'accumulent, les figures éculées s'entassent, et au final on laisse tomber cette enquête qui ne manquait pourtant pas de rythme, mais d'autre chose. 

Dommage, il y avait un sujet...

Raoul Volfoni

Marie-Hélène Grinfeder, Les Jeux de l’art et de l’argent, France Empire, juin 2014, 189 pages, 18 eur

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