Alberola et Kafka : fleuve et montagne

Depuis plus de trente ans, Alberola produit une œuvre protéiforme. Tout peut devenir objet ou sujet de sas recherches. Pour preuve, plongeant dans le gouffre de l'Imec il en sort son propre fleuve Amour reconstitué de toutes pièces. Son superbe livre édité à l'occasion de son exposition Le fleuve en offre la généalogie, les strates les quais et le courant au nom de celui par qui tout est charrié : Kafka.

À travers les montages qu'il construit Alberola passe la vie, l’œuvre et la postérité littéraire et plastique de l'auteur  au crible. Aux ressources de l'Imec se mêle aussi ce que l'artiste fait dire (sans le trahir) à Kafka lui-même dans des interviews improvisées.

Le livre devient une entreprise de topographie, une carte et son territoire du monde-livre-écrin de l'auteur du Procès Il devient aussi l’épicentre de l’écriture kafkaïenne accompagnée de ses supports montés parfois en radeaux – moins de la Méduse que du Kon-Tiki. Les livres deviennent des motifs dont parfois le plasticien extrait les mots scalpels.

La montagne Kafka est scrutée sous tous ses angles - même sous l'aspect carte postale et bande-dessinée. Alberola fait état de la diversité de sa flore et de sa faune. Il en mentionne les lignes de crête et les moraines toujours recommencées et ce non sans une absence du spectaculaire porteur d’une infinie richesse.
 

Jena-Paul Gavard-Peret
 

Jean-Michel Alberola, Le Fleuve, coll. Le lieu de l'archive, Imec, juin 2021,200 p.-, 32 €

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