Frédéric Grolleau : perception de la philosophie

Les philosophies vouent bien des préventions quant à l'image et par conséquent au cinéma - même si la Caverne de Platon fut les prémices des salles obscures. Bref les penseurs qui s'en sont mêlé (du moins en bien) ne courent pas les rues : Berkeley, Deleuze, et quelques autres - le compte est vite expédié.

Frédéric Grolleau fait partie de ces exceptions et il propose avec De l'écran à l'écrit une approche particulière.
Dans son ouvrage didactique mais facile d'accès le cinéma ne sert pas de faire valoir à la philosophie – pas plus que l'inverse.

En une approche pédagogique l'auteur évite deux écueils : une réflexion générale sur philosophie et cinéma car un simple ouvrage n'y suffirait pas et une anthologie d'analyses filmiques (il y a d'autres lieux pour ça).

Grolleau prouve par la pratique et ce manuel d'enseignement combien le médium accorde des satisfactions à qui veut pousser la pensée dans ses retranchements. Certains films l'anticipent, d'autre font parler et voir ce qui se cache derrière les apparences du monde et des consciences.

Face à la philosophie et ses mots qui ne sont parfois que des témoins in-assermentées, le cinéma offre donc des "situations" sartriennes qu'aucun autre art ne pourrait exprimer. Et l'auteur de ramener à la phrase de Berkeley au sujet des images : Esse est percipi (“être c’est être perçu”). Mais le cinéma permet tout autant une précipitation dans les abîmes de la pensée.

Jean-Paul Gavard-Perret

Frédéric Grolleau, De l'écran à l'écrit, éditions Lambert Lucas, octobre 2021, 328 p.-, 24 €

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