Les Marcheurs : déambuler ou mourir, le défi de Frédéric Mars

Initialement paru en 2011, ce drôle de polar qui mêle analyse politique et intrigue menée à cent à l’heure, captive le lecteur dès les premières pages. C’est fort bien troussé, comme disait le tailleur de ma grand-mère, preuve que ce type de littérature n’est pas réservé aux grands auteurs d’outre-Atlantique. Se situant entre John Grisham et Tom Clancy, Frédéric Mars déploie sa narration à la manière de la série 24 heures : chaque page contient un élément addictif et l’action se suit en temps réel, allant jusqu’à composer certaines pages dans le format d’un journal, ou chaque colonne décrit une action simultanée se passant en divers endroits.
Mêlant très finement les zones d’ombre de la politique internationale, entre théories du complot et réel attentat sous fausse bannière, Frédéric Mars déroule la bobine de l’infamie jusqu’à nous clouer dans notre fauteuil et nous imposer de finir cette histoire : passé la moitié vous êtes condamné – j’ai terminé à deux heures quarante trois du matin…
Plutôt que d’insinuer la terreur en un seul lieu – comme ce fut le cas pour le 11-Septeùbre – les commanditaires ont imaginé un plan diabolique qui consiste à transformer chaque citoyen en possible kamikaze, à son insu. Travail de longue haleine déployé sur des années afin d’infiltrer la chaîne de fabrication d’une pile cardiaque de dernière génération, dite à vie, et ainsi implantée à tout le monde,  jeunes gens compris, disséminés dans tout le pays… Ces derniers reçoivent un beau matin une lettre leur indiquant le mécanisme piégé et comment trouver le moyen de désamorcer la bombe qui est en eux : pour cela il faut marcher, se rendre à un endroit précis où les attend la procédure, mais s’ils s’arrêtent de marcher, boum !
Les premiers se mettent donc en route, et bien entendu il n’y a aucun plan B mais une machination orchestrée et minutée afin que ces malheureux aillent se faire exploser dans des lieux stratégiques : centre téléphonique, commissariat central, stade sportif, etc. Très vite certains vont comprendre la manipulation et iront marcher droit devant eux, le plus loin possible de lieux habités pour mourir en martyr, seul, et faire le moins de dégâts possibles.
Mais la majorité va paniquer, la foule devenir hostile et les tirer comme des lapins, la menace d’une guerre civile se répand comme la lèpre, l’état d’urgence est déclaré.
Pour tenter de démêler les fils plusieurs protagonistes vont allier leur force : la responsable du bureau newyorkais du Homeland Security, un capitaine de police, un agent de FBI. Ainsi se greffent les petites histoires des uns et des autres dans la grande narration et c’est ici que tout le sel de l’histoire prend sa consistance. Le diable est dans le détail, n’oubliez pas…
Ancien amant, collègue jaloux, concours et promotion ratés, drame familial, enfant porteur de la bombe, président des USA et maire de New York pas aussi honnêtes qu’ils veulent bien le dire…
Voici le cocktail idéal pour cet été que ce livre de poche qui vous offrira un drôle de voyage au pays du pire et des conspirations internationales. Par le roman l’on peut aussi dire quelques vérités qui ne sont pas des fake news et que jamais la presse dite officielle ne vous dévoilera.

François Xavier

Frédéric Mars, Les Marcheurs, La Mécanique générale, mai 2018, 720 p. –, 9,90 €

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