Juliette Brevilliero l'enchanteuse

Luttant contre le doute et l'incertitude et pour offrir aux lectrices et lecteurs d'autres possibilités Juliette Brevilliero transforme la rigidité des concepts par ses jeux d'images, de sons, de mots. Tout cela est altier, léger mais n'a rien d'une farce. Il s'agit de déplacer le sens et ce avec beaucoup de charme – au sens premier du terme.

Aussi magicienne que louve la créatrice sait traduire l’intraduisible et nommer l’innommable dans une palette subtile de mots qui enrichis d'adjectifs jamais gratuits créent une expertise de ce qui est – mais de manière poétique. 

Parfois héroïne morcelée mais le  plus  souvent féline l'auteure sait ce que peuvent les mots pour peu qu'ils soient sensoriels. Choisis à dessein ils sont là pour mêler la psyché à des réflexions nécessaires. Dès lors le  langage est capable de modifier le réel.

Pour preuve le concept de dépression se transforme en aboulie abolit l'élan hédoniste / que l'anhédonie anesthésie, égoïste transforme. Il ne s'agit pas t'enterrer l'affaire mais au contraire de ne pas être mangé par elle.

Bref l'écriture de Juliette  Brevilliero est autant organique que réflexive là où  la féminité reste plus que jamais entière et  complexe. C'est elle qui met à mal les mots re-pères des mâles. 

L'auteur crée à sa manière "lalangue" que Lacan chérissait. Juliette Brevilliero en princesse magicienne nous y plonge,  en la faisant grincer avec une sensorialité musicale et intelligente. La fausse primesautière fait toujours preuve d'alacrité et ses promesses d'enchantements ne sont jamais vaines.
 

Jean-Pau Gavard-Perret

Juliette Brevilliero, Les Mots rares, Galilée, septembre 2021, 88 p.-, 10 €

Sur le même thème

Aucun commentaire pour ce contenu.