Le rang, comment comprendre le fonctionnement d'une société disparue

Une promotrice d’une approche pluridisciplinaire

 

Spécialiste de l’absolutisme français, Fanny Cosandey est directrice de centre à l’EHESS. Elle est aussi connue comme l’auteur d’un ouvrage intitulée La reine de France (Gallimard, 2000), assez remarqué il y a une quinzaine d’années, où elle se proposait de revisiter la figure si singulière de la souveraine en faisant appel à l’histoire du droit, à l’anthropologie et à l’histoire culturelle. Avec Le rang (Gallimard, 2016), elle se propose d’analyser la question de la préséance et de la hiérarchie dans la France d’Ancien Régime. Et c’est loin d’être une mince affaire.

 

Des querelles au système curial

 

L’histoire de la cour de France est pleine d’exemples de conflits de préséances durant les XVIe et XVIIième  siècles : le duc de Nevers refuse d’assister au sacre de Charles IX en 1570 pour ne pas avoir à céder la place aux ducs de Nemours et Longueville ; quant au garde des sceaux Guillaume Du Vair, il entend en 1618 précéder les ducs et pairs et ceux-ci refusent. Enfin, les princesses du sang se disputent, à l’initiative de celles d’Orléans pour savoir lesquelles ont la préséance sur les autres, sans compter le droit de porter le titre de petites filles de France. A travers ces exemples, Fanny Cosandey nous décrit un monde attaché à ses titres, anciens ou nouveaux, et à son rang dans la société. Ce monde de la noblesse, robe et épée, est intégré dans un système de faveur royale. Tous  dépendent d’un règlement curial qui relève de l’ordonnancement des élites autour du Roi. Car au final seul le Roi octroie, décide, fait et défait l’ordonnancement des rangs..

 

Passionnant, souvent ardu, cet ouvrage de Fanny Cosandey aide à comprendre le fonctionnement d’un monde disparu et des querelles qui ont aussi donné la matière de morceaux de bravoure de la littérature française (au hasard La princesse de Clèves).

 

 

 

Sylvain Bonnet

 

Fanny Cosandey, Le rang, Gallimard « bibliothèque des histoires », octobre 2016, 496 pages, 28 €

 

Sur le même thème

Aucun commentaire pour ce contenu.