Jo Nesbo, Soleil de nuit : Rédemption

Le maître du polar nordique

Depuis la publication de L’Homme chauve-souris, premier volume des enquêtes du flic alcoolique Harry Hole, en 1997, Jo Nesbo est devenu un auteur qui vend beaucoup, un « money maker » et aussi un écrivain à suivre. Signalons qu’il a atteint ses sommets créatifs avec Hole sur Rouge-Gorge (qui revient sur la période de l’occupation nazie) et L’étoile du diable. Egalement auteur de romans pour la jeunesse, Nesbo a aussi collaboré à une série, Occupied (diffusée sur Arte en 2016) et a entamé un cycle d’hommages au roman noir américain, avec Du sang sur la glace. Dans le premier volume, nous étions propulsés dans la Norvège des années 70 dans le milieu des trafiquants de drogue, d’où émergeait la figure du Pêcheur, pour découvrir la vie d’Olav, tueur dyslexique qui tombe amoureux de sa cible. On va voir que Soleil de nuit reprend certaines des thématiques du précédent volume.

Le rachat d’un tueur à gages

Le pêcheur est devenu le plus important trafiquant de drogue d’Oslo et emploie des liquidateurs, chargés de recouvrer les dettes. Jon Hansen, dealer à la petite semaine, devient l’un d’entre eux. Il a un but : amasser suffisamment de fric pour pouvoir payer un traitement en Allemagne fédérale à sa petite fille atteinte d’une leucémie. Comme le Pécheur refuse de lui faire un prêt, Hansen prend un jour l’argent d’un remboursement pour pouvoir financer le traitement : inutile car sa fille décède peu après… Reste que le Pêcheur l’apprend et envoie un tueur, Johnny, à ses trousses. Hansen quitte Oslo et atterrit dans le Finnmark, la région la plus isolée de Norvège. Il y fait la connaissance du jeune Knut et de sa mère Lea dont le mari, un gars violent, vient de disparaître en mer. Hansen, qui se fait appeler Ulf, se lie avec eux. Mais Johnny ne va pas tarder à retrouver sa trace.

Un hommage exotique

Rien que de plus classique que l’histoire d’un tueur à gages qui fuit en essayant de trouver sa rédemption, surtout que notre auteur nous a déjà servi cette soupe dans Du sang sur la glace… Il réussit pourtant son entreprise en projetant son lecteur dans un coin complètement inconnu, le Finnmark, région marquée par la prédication de luthériens assez sectaires, et aussi en nous impliquant dans le cheminement psychologique du héros : Hansen est un type qui vient de perdre sa petite fille, tout criminel qu’il soit, et il rêve finalement d’une autre vie. On est beaucoup dans le Blood, sweet and tears, n’empêche que l’exercice de style, proche d’un Donald Westlake, fonctionne. Donc ne boudons pas notre plaisir.

Sylvain Bonnet

Jo Nesbo, Soleil de nuit, traduit du norvégien par Céline Romand-Monnier, Gallimard Série noire, mars 2016, 224 pages, 16 €

 

Sur le même thème

Aucun commentaire pour ce contenu.