Just Kids, l'impossible rencontre entre Patti Smith & Robert Mapplethorpe

Rencontré en 1967, Robert Mapplethorpe sera l’étoile noire de Patti Smith jusqu’au 8 mars 1989, où elle lui parla pour la dernière fois avant qu’il ne sombre dans un profond coma et décède le lendemain…
Jumeau incandescent et amant magnifique le temps d’un songe, le papillon Mapplethorpe se révèlera mante religieuse et la séparation s’imposera tout en ne rompant point ce lien magique qui va les unir jusqu’au bout, au point que Patti Smith perdit le sommeil après le 9 mars 1989 en se torturant l’âme au sujet du devenir de certains objets culte de Robert, comme ses pantoufles brodées ou son bureau qui allaient être mis en vente chez Christie’s.

Après avoir dû abandonner son premier enfant après une première expérience sexuelle désastreuse (le puritanisme américain du milieu des années 1960 ne donnait aucune alternative aux jeunes femmes à part le mariage), la jeune Patti, exclue de l’université en ce printemps 1967, lit Rimbaud pour se raccrocher aux choses de la vie. En juillet, elle profite de la providence qui lui offre trente-deux dollars, trouvés dans un sac à mains oublié dans une cabine téléphonique, pour se payer un billet pour New York…

Se rendant dans Brooklyn à une adresse donnée par des amis, Patti Smith croise le colocataire de l’ami de ses amis, ensommeillé torse nu sur le lit, collier de perles autour du cou. Quelques mots échangés et il la conduit à la nouvelle adresse de ses amis, et s’en retourne. Patti vivra quelques jours dans la rue en cherchant éperdument un travail, dormant dans les parcs, sous la protection du Saint, un Cherokee à la peau noire qui vit un pied ici un pied dans la voie lactée…

Le 21 juillet John Coltrane décède : Patti Smith se heurte alors au chagrin d’une époque, suit le mouvement spontané de la foule qui se réunit en face de St Peter’s Church et les heures passent. Puis quelques jours plus tard, enfin un job se libère dans une boutique qui vend des bijoux et de l’artisanat ethnique. Et Robert Mapplethorpe vient lui acheter un collier, ils échangent trois mots.
Quelques jours plus tard, Patti accepte l’invitation d’un jeune auteur de science-fiction à dîner, il lui a été présenté par le responsable de la boutique, mais après le dîner, quand ce dernier l’invite pour un dernier verre, le vertige la saisit et elle sent le piège se refermer quand surgit au coin de la rue… Robert, éternel ange protecteur qui va la tirer de ce mauvais pas en se faisant passer pour son boy-friend et les deux s’enfuiront à tire d’aile dans le parc.
Puis ne se quitteront plus.
 


Robert Mapplethorpe va lui montrer ses premiers travaux, dessins et gravures qui incitèrent Patti à penser à Richard Poussette-Dart et à Henri Michaux. "Des énergies multiples rayonnaient des mots et des lignes calligraphiques entremêlées. Des champs d’énergie construits à partir de strates de mots." Patti Smith en est convaincue, ces dessins et peintures semblent émerger du subconscient de Robert… Ils parlèrent d’art tantrique, de Dada, de Michel-Ange. Robert lui montra son dessin pour le Memorial Day, Patti lui raconta ses nuits d’enfant avec les motifs circulaires qui dansaient sur le plafond de sa chambre…

Sans avoir dit le moindre mot, comme une évidence, la chose la plus naturelle du monde, ils restèrent ensemble ne se disant au revoir que pour aller travailler. Après avoir été hébergé par un couple d’amis, ils parviennent à emménager dans un petit appartement. Quartier en ébullition qui leur offre l’opportunité de fréquenter Andy Warhol et de goûter à la bohème du Chelsea Hotel, de côtoyer Allen Ginsberg, Janis Joplin, Lou Reed, Bob Dylan…

On connaît la suite, côté notoriété. La suite plus personnelle, épique, surréaliste parfois, se dévore dans ce roman autobiographique initialement paru en 2010 chez Denoël, assorti ici de soixante photographies ajoutées à l’édition originale, dont des Polaroïds de Mapplethorpe et des archives inédites de Patti Smith.

Après le concert du 5 novembre, Pathway to Paris à New York, au côté de sa fille Jesse Paris Smith et de Joan Baez, notamment, madame Patty Smith débarque à Paris pour venir boulevard Raspail, à la librairie Gallimard, le samedi 11 novembre 2017, de 17 à 19h, pour dédicacer son livre – mais attention ! accès uniquement sur réservation en écrivant une lettre motivée à l’adresse suivante : pattismith.librairiegallimard@gmail.com.

 

François Xavier

 

Patty Smith, Just Kids, 190x240, relié, 100 illustrations noir & blanc et couleur, Gallimard, octobre 2017, 352 p. – 35€

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