Franck Delorieux : avec le temps

Chaque poème de Delorieux est travaillé par le temps, mais en même temps l’auteur le tourne contre lui-même. L’oeuvre devient le corrigé du passé plus ou moins revenant comme manque et accomplissement par des empiètements de fantômes. Ils s’incarne non sans émotions - à l’image de celui du père entre autres.
Mais pour chacun d’eux le poète crée un univers particulier. Tout se classe en saisons non pour mettre de l'ordre mais pénétrer des arcanes à la « croisée » impossible entre l’aujourd’hui et l’hier. Demeurent une élévation et un épuisement, une faille et une présence vers une « pure » émergence.
L’objectif reste de contempler la perte irréductible et la pérennité qui différencient le travail du deuil et celui de la mélancolie. La mélancolie particulière où peut se reconnaître ce qui a été perdu puisque le temps n'est plus là que pour duper.
Il faut aussi, dans de tels refuges, se défendre contre un instinct de mort. Se défendre et s’échapper en gardant la distance et trouver quelques zones muettes aux confins de l’absence.
Jean-Paul Gavard-Perret
Franck Delorieux, Les saisons, Coll. Blanche, Gallimard, juin 2017.
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