Clarisse Gorokhoff : derrière le masque

Clarisse Gorokhoff nous entraîne loin des horizons sacrés du conformisme au moment où son héroïne – d’abord contrainte et forcée – impose sa façon de voir et de se faire voir.
Le tout dans une écriture fluide qui permet de dire combien l’obsession de plaire aux autres est aussi celle de plaire à un autre plus féroce d’entre eux et qui est en elle-même.

Existe dans un tel roman une confrontation à divers types de cruauté.
Elle éloigne de la chirurgie du corps, organe qui évolue sous le diktat de la normosité. L’auteur, comme son héroïne, n’oublie pas que le corps est aussi voire surtout une idée du corps qui ne va pas sans représentation, image, discours, idée.

Cette image échappe ici au narcissisme et à une filiation en posant le problème de la reconnaissance.
Et Gorokhof prouve combien il existe de l’inatteignable en soi-même au-delà de toute fixation spéculaire du regard. Soudain la forclusion échappe à la toute puissance de Narcisse à travers le forçage du désagrément et la désacralisation d’un lissé autant personnel que social.



Jean-Paul Gavard-Perret


Clarisse Gorokhof, « Casse-gueule », Gallimard, mai 2018, 240 p. -, 18,50 €

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