Deux mètres dix de bonheur ?

Il ne faut jamais mettre la barre trop haut. L’ambition favorise la performance. Le don de la Nature aussi. Mais il ne faut jamais en attendre plus. On ne décroche pas la lune impunément… C’est un peu la morale de cette histoire vraie.
Le monde du sport de haut niveau a connu une première révolution en 1968 aux JO de Mexico. Un jeune américain ose renier le bon geste. Impossible pour lui de sauter en hauteur en ventral. Il invente donc sa propre technique. Dick Fosbury laissera son nom dans l’Histoire.
Tout comme Tatyana, la jeune Kirghize, qui fera partie d’une équipe soviétique qui osera briser la loi d’airain. Et copier cette technique venue de l’Ouest. Face à elle, une jeune Américaine, Sue, qui sera sacrée elle aussi championne olympique. Chacune vivra son grand soir. Chacune sera chargée comme une mule par de prévenants médecins.

Mais après l’ivresse de la victoire. Les paillettes. Les ovations. Les honneurs… Quid de la vie quotidienne quand l’âge interrompt la carrière. Quand le mari s’en va, découvrant votre stérilité due au dopage. Que les douleurs vous vrillent le ventre au point de sombrer dans l’alcool…

Traversant les histoires politiques (boycott des JO de Moscou et Los Angeles par les pays s’opposant durant la guerre froide), Jean Hatzfeld livre une analyse des mondes sportifs qui s’opposent. Selon l’apport des cultures. Selon les codes d’honneur. Avec toujours cet humain sacrifié pour la bonne cause. L’honneur de la patrie soviétique. Ou le patriotisme yankee…
Une manière de rappeler qu’aujourd’hui aussi – mais cette fois pour des sommes d’argent astronomiques – les sportifs se mettent en danger. Alors que l’exploit est tout aussi beau dans l’épure d’une éthique.

Annabelle Hautecontre

Jean Hatzfeld, Deux mètres dix, Gallimard, août 2017, 205 p. – 18,50 €
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