Trois migrants dans un salon, est-ce politiquement correct ?

Matthieu Falcone vit en Provence, dans un village près de Manosque. On imagine sans peine qu’un certain berger l’aura inspiré. Ce passeur impénitent qui fait fi des lois. Va chercher les migrants en Italie. Et les aide à franchir les cols pour les conduire ensuite à Nice. Et force le gouvernement à accueillir des sans-papiers. Quitte à passer plusieurs fois devant le tribunal. Quitte à provoquer la réaction de Génération Identitaire qui est allée jusqu’à fermer symboliquement l’un des cols. Jusqu’à ce que la gendarmerie intervienne…

L’encre a coulé sur tous ces sujets. Les avis divergent. Les migrants d’Afrique ne sont certainement pas là pour autre chose que les raisons économiques. C’est d’ailleurs ce que dit tout haut Saintonge. Homme fort en gueule. Professeur haut en couleur. Proche des raccourcis racistes diront certains. Mais qui dit aussi la vérité, n’en déplaise aux gauchistes de tous bords.
Sauf qu’un soir, à force d’enjamber les trois Africains qui dorment devant le hall d’entrée de son immeuble, il les fait monter. Les installe dans son salon. Contrepied de son discours. Main tendue face à l’inacceptable : laisser des hommes dans la rue.
D'ailleurs, comme dit si bien Saintonge, un migrant n'a pas vocation à rester. Il migre. Donc il se déplace. Il va repartir.
Est-ce si sûre ?

Alors la machine administrative va s’enclencher. Pot de fer contre pot de terre. Hypocrisie contre moral. Droit du sol ou droit d’asile ? Matthieu Falcone ne cache pas ses mots pour décrire nos maux contemporains. Plongée en absurdie. Roman grinçant, moins politiquement correct que Les renards pâles de Yannick Haenel et surtout moins démagogique. Plus ancré dans le réel. Panorama enlevé de la France qui chancelle, des universités bloquées aux parties de cache-cache avec les autorités. Bonne âme un jour, bon Samaritain toujours ?

Annabelle Hautecontre

Matthieu Falcone, Un bon Samaritain, Gallimard, novembre 2018, 262 p. – 19,50 €
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