L’étrange pays pour adolescents attardés

Muriel Barbery tissa, en 2006, un roman d’apprentissage. Le lecteur avait l’impression de comprendre soudain la philosophie. Et le sentiment d’être plus intelligent une fois le livre refermé. Un tour de passe-passe qui ne convainquit que le grand public. Mais n’est-ce pas aussi cela, la littérature, donner un savoir, même biaisé, apporter un peu de lumière, même tamisée ?
L’adaptation cinématographique transforma la vie de l’auteure. Et tout le monde cru tenir une Amélie Nothomb haut de gamme.
Or le troisième opus, laborieusement pondu neuf ans plus tard, propulsa le lecteur dans un monde d’elfes et de magie. Manifestement l’ombre d’Harry Potter attirait des ersatz de J.K. Rowling qui pensaient que le filon était juteux. N’avait qu’à voir le nombre de films et de jeux vidéo débiles sur le même thème…

Et comme si cela ne suffisait pas, voilà que son quatrième roman, cet étrange pays, mêle une fois de plus le fantastique à l’uchronie. Une drôle de guerre d’Espagne avec l’Allemagne et la France contre l’Angleterre et les pays nordiques qui s’éternisent. Au bout de six ans voilà qu’un pont invisible permet aux elfes de venir faire la leçon aux humains en leur montrant un autre monde possible. Mais chez eux aussi, il y a un combat entre la poésie et le meurtre… alors ?

Las, les éditeurs se sont trompés de collection, la Blanche n’a pas à couvrir ce type de littérature qui est réservée soit aux adolescents soit aux amateurs de SF. C’est niais, pompeux, prétentieux et trop copieux : les gros caractères pour faire beaucoup de pages, c’est un truc vieux comme le monde…

 

Annabelle Hautecontre

Muriel Barbery, Un étrange pays, Gallimard, janvier 2019, 380 p. -, 22 €

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