Antonio Tabucchi : envols et atterrissages

Orfèvre en écriture, Antonio Tabucchi fait feu de tout. Une peinture de Fra Angelico, un dialogue avec un hindou suffisent : la machine romanesque se met à place. Il convient juste de ne pas se payer de mots et appeler un chat un chat sans toutefois laisser croupir le lecteur dans un réalisme dont Tabucchi n'a que faire.
Un seul lieu de lieu pour lui : la nouvelle. Et l'ouverture qu'elle procure - à l'image de la mélancolie - aux choses finies. Si bien que chez l'auteur la vie ne saurait être ce qu'il n'est pas.

Peu importe qu'en donnant le change au passé il cause la perte de son présent. D'autant que Tabucchi n'hésite pas à rire car la vengeance la plus convenable est de se moquer de soi. Et il sait que le sourire est une pierre d'importance à la fondation de tout édifice humain.

Il sait aussi qu'il n'y a rien de parfait, pas même Dieu (que nous avons créé) et ses nouvelles le rappellent. Elles nous font nous souvenir que les combats les plus acharnés sont menés dans l'ame mais que les plus grands héros sont moins ceux qui n'ont peur de rien que ceux qui passent entre les gouttes.

Aussi fort dans l'ampleur que le laconisme l'Italien prouve qu'on se voit mieux en considérant les autres et que ne pas suivre ses rêves c'est trahir sa destinée. Encore faut-il qu'ils ne soient pas trop grands car la vieillesse vient vite.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

 

Antonio Tabucchi, Les volatiles de Fra Angelico, trad. de l'italien par Bernard Comment, Gallimard, novembre 2018, 96 p.-, 12
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