Natakie Clifford Barney, fut à l'image de son couple, une habituée de l'amour atypique, voire transgressif dans la société de l'époque. La riche héritière américaine rencontre très jeune l’une des plus célèbres courtisanes de la Belle Époque : Diane de Pougy. Inspirée par cette femme, elle ose, à vingt ans et des poussières, se présenter à sa porte habillée en page florentin envoyée...

Forte de son assurance elle se dit messagère amoureuse envoyée par Sapho. Ce qui fut plus que suggéré eut lieu. Les deux femmes deviennent amantes pendant un an. Plus tard leur liaison se complique. La belle américaine ne peut garder pour elle celle qui passée maîtresse dans l'art de galanterie et  le luxe.
Cette édition présente les lettres inédites de leur relation. En 172 lettres le lecteur ou la lectrice suit l'évolution des désirs et des sentiments avec ce qu'ils cachent d'illusions et de dérives comme des regrets qui les suivent.
Certes les deux femmes partagent le même désir d'émancipation par rapport aux hommes. A l'époque Clifford Barney dans sa folle passion de jeunesse est entière. Liane de Pougy qui a plus de bouteille, sait ce que les relations les plus belles cachant, à force, de résignation.

Les lettres permettent de comprendre ce qui anime les deux correspondantes. Et Nathalie s'en remettra. Avec bien des femmes qui seront  impressionnées par celle qu'elle reconnaisse comme « une vraie femme »qu'elles n'osent pas toujours être.
L'amour qu'elle éprouva pour Diane, d'autres l'éprouveront pour elle. Toutefois, Natalie devenue plus rouée ne sera pas autant subjuguée qu'elle le fut par sa première maîtresse. Sa maturité et sa beauté la fera admirer et craindre par celles qui ressentent en sa présence un danger.
La jeune amante se sera forgée lors de son amour premier un caractère indomptable. La belle américaine devint l’Amazone qui multiplie amours et amitiés et devint dans son salon une figure littéraire de l’entre-deux-guerres.

La lassitude que Liane De Pougy traduit dans ses lettres, Natalie l'éprouvera plus tard. Si bien que ces missives ouvrent non seulement à une histoire mais à une éducation sentimentale.
Mais s'y entrevoit aussi ce que Liane de Pougy deviendra. Après leur rencontre elle deviendra princesse Ghika, avant de terminer sa vie dans l’ordre des sœurs tierces dominicaines. Mais en de telles lettres nous sommes encore loin de là...

Jean-Paul Gavard-Perret