Olivia Rosenthal : le livre des possibles

Par l'intermédiaire de sa narratrice et en cinq nuits Olivia Rosenthal permet de suivre neuf personnages habilement "filés" afin de montrer – en remontant à leurs origines – comment se lient les histoires de ces "désobéissants".

Le roman devient un exercice d'attention aux autres et une mise en exergue de la puissance de la parole. Le tout en un style qui dans sa perfection crée une fluidité particulière.

"Un ange aurait pu passer s'il y avait encore eu des anges", rappelle la créatrice et c'est bien de cela qu'il s'agit. Car, sous le soufre,  souffle encore la vie et ce qu'elle peut changer loin des obligations plus ou moins délétères.
Ce livre est donc celui des possibilités par la finesse narrative du récit. Sa force tient à une sorte d'indicible car rien n'est démontré. Les indices des motivations ne sont données qu'au compte-gouttes là où tout est pourtant soumis à une vie matérielle dont le texte donne la clé.

L’écriture retient autant que le récit et ses "à-côtés" qui n'en sont pas mais qui font que la fiction existe et reste digne de son nom. Sans eux le romanesque ne décline que des faux chemins. Mais la sélection par la romancière bouscule l’apparente logique fictionnelle et fomente le peu de conformité à ce que l’on serait en droit d’attendre.

Cela demande demande de la part de l'auteure comme du lecteur autant une attention soutenue qu’un certain laisser-aller. Mais soudain un tel abandon  permet au roman de battre sa campagne en ménageant des lumières au sein des nuits.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

Olivia Rosenthal, Éloge des bâtards, coll. "Verticales", Gallimard, 2019, 336 p.- 20 €

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