Jonathan Coe : l'Angleterre telle qu'elle est

Jonathan Coe cultive après Bienvenue au club son talent de satiriste en suivant de destin de certains de ses anciens personnages dans le début du XXIe siècle (Jeux Olympiques de Londres compris). Il sait en effet que noyer la tristesse ne serte à rien puisqu'elle flotte.
Dès lors l'Angleterre est revisitée entre tradition, littérature, peinture du pays, confort et désagrégation de son cœur paradoxal puisqu'il se retrouve au sein du cinquième trou d'un terrain de golf...

Les nombreux personnages récurrents – mais désormais  plus âgés – sont suivi dans l'avant Brexit selon une imbrication et un montage  astucieux. La société anglaise est analysée avec humour à travers une famille. Coe s'amuse des aberrations du terroir quitte à faire passer certains des autochtones pour des abrutis.
La société anglaise est donc incarnée par des personnages de feuilleton. Coe la décrit avec un sens consumé de l'ellipse et de l'enchainement. Il tente de tout englober (trop peut-être) mais le démonstration reste probante.
L'ensemble se cale parfaitement (mais aussi et à dessein de guingois) au milieu de la diversité des classes sociales. Elles sont définies à travers l'aréopage de héros-fonctions diversifiés dont l'éventail permet d'animer cette vision d'ensemble contradictoire.

Le roman permet de faire comprendre ce qu'il en est d'un pays. C'est la parfaite chronique d'une nation. Coe en résume démesurément l'époque à travers une caricature réussie. Elle passe des abris de jardin et croisières aux données géopolitiques.
Preuve que l'on peut faire abstraction des divers non de la Perfide Albion à condition de savoir les utiliser.

Jean-Paul Gavard-Perret

Jonathan Coe, Le cœur de l'Angleterre, traduction Josée Kamoun, coll. "Du monde entier", Gallimard, août 2019, 560 p.-, 23 €
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