Aurelien Bellanger face aux Euro-sceptiques

L'auteur ne ménage pas son lecteur dans son quatrième et volumineux roman découpé en chapitres courts – ce qui le rend astucieusement plus digeste. L'ensemble est drôle d'autant que l'histoire  se passe dans une contrée imaginaire digne du Sceptre d'Otokar de Hergé. BHL et Mitterrand sont (entre autres) présents (le premier sous couverture nominale facilement discernable) là où l'auteur mélange réalité et fiction.

Aurélien Bellanger propose par sa fiction plus farcesque que grotesque un plaidoyer utopique pour l'Europe. Sa mission est de convaincre les eurosceptiques à travers divers niveaux de lecture. Cela ne manque pas de charme même si la compacité de l'ouvrage est parfois étouffe-chrétiens (ce qui est un comble eu égard au sujet de la fiction).  Néanmoins, dès l'ouverture et grâce à une équipée sylvestre avec Dominique Strauss-Kahn, le livre refuse tout esprit de sérieux au sein de sa complexité savamment agencée. Elle fait totalement partie de la démesure du propos et des questions qu'il pose. 
Celles-ci donnent sa force à une suite de symboles. Ils flottent juste au-dessus du vide et sont là pour défendre une Europe facétieuse réduite ici à quelques poignées de terre. Il s'agit de les entretenir et de les prendre au sérieux puisqu'il en irait, peut-être, de la survie de l'espèce qu'on dit humaine.


Jean-Paul Gavard-Perret


Aurélien Bellanger, Le continent de la douceur, Gallimard, août, 2019, 496 p.-, 22 €
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