Ariel Spiegler : ascensions

Ariel Spiegler est une poète française, née en 1986 à Sao Paulo. Après des études brillantes et avoir enseigné la philosophie elle démissionne quelques années plus tard de l’Éducation Nationale pour se consacrer à l’écriture. Elle chante dans des cafés et travaille ponctuellement pour plusieurs maisons d’édition. En 2016, elle commence à publier ses poèmes en revues puis est édité son premier recueil aux éditions de Corlevour, C’est pourquoi les jeunes filles t’aiment .

Jardinier est son nouveau recueil. En vers libres la poétesse devient ailée et traverse l'histoire d'une rencontre amoureuse singulière qui monte jusqu'à l'affirmation de la foi : "Donne-moi à boire".
En six parties le livre passe du questionnement de soi à la louange de l'Aimé qui restera anonyme et donne lieu à un accomplissement atemporel et quasiment métaphysique :

Si l'éternité quittait l'âme pendant trois jours,
nul ne pourrait survivre.
Nagez, vacarmes, ô tendres vaguelettes.
Vous êtes l'éclaboussure de la lumière ;
c'est l'heure d'être content.
Même armé, on se met à genou, pour boire,
comme les girafes.

Preuve que la poètesse s'éloigne de son propre moi lorsqu'elle écrit.
Et il n’existe nul accroc dans la soierie de tels voyages poétiques vers l'absolu. Un ange mystérieux semble tirer l'auteure vers le haut et des contrées de terres pures. L'impression que donne la créatrice est d'y avoir planté sa tente déjà depuis longtemps en dépit de sa jeunesse afin que ce ne soit pas l’extase du vide qui la guérisse de la maladie du temps.

Qu’importe si la fusion dans le réel n’est pas tout de suite au rendez-vous. Ariel Spiegler　écrit depuis là où elle est pour aller là où elle n’est pas encore pour trouver un peu de lumière.Voire bien plus. Elle montre une voie.
Les mots communiquent avec un ailleurs comme les yeux dans le rêve. D’où la sensation d'un réveil : la porte de la maison de l'être est bien plus qu'entrebâillée. C'est pourquoi les paroles dansent. La poétesse ne cherche pas à articuler le pire. Elle tire sur lui les rideaux. Elle célèbre la source première du vertige de l'amour qui refuse du faire du jour le jumeau de la nuit.