Phillippe Limon : grandeur plus que nature

Transformer un homme en un phallus, selon une métamorphose kafkaienne inversée où au rabougri fait place une hauteur certaine, devient l'incarnation d'un fantasme. Il ne va pas laisser de marbre la famille d'un héros qui une nouvelle fois gâche le soirée de Noël et les jours qui vont suivre au sein de ce qui devient un huis-clos.
Le corps mis à mal et en haut mâle par Philippe Limon contraint d’affronter des conditions extrêmes. C'est le paradoxe de l’investissement dont il faut expérimenter la limite pour la tendre exagérément. S'établit ainsi avec le corps un pacte d’agression. Il donne le prix à la vie et tient la mort en lisière dans le défi permanent que le métamorphosé inflige ou lance à sa lignée.
Diverses relations, à partir de cette transformation inaugurale s’instaurent peu à peu entre le Je et la réalité familiale. Le phallus métamorphose l'image d'un corps coupable d’exercer un pouvoir susceptible de devenir persécutif.
La filiation n'implique plus une transmission.
Et ce avec une connotation non seulement relationnelle causale, mais également généalogique par cette mise en évidence mythique de l’objet démesuré. Il prend un effet destructeur sur la famille. Et la mère en premier lieu.
Histoire de rappeler que le corps-plaisir reste une présence bridée par la réalité. Mais soudain elle ne vient plus imposer ses diktats. Le corps apparaît comme le lieu électif du renversement. Le plus intime, familier et bienfaisant se transforme en objet inquiétant, persécuteur en des situations (non sartriennes) mais idoines.
Jean-Paul Gavard-Perret
Philippe Limon, Phallus, coll. L'infini, Gallimard, janvier 2020, 144 p.-, 15 €
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