Elena Costa : amours et désamours

Il existe une petite musique étrange dans cette histoire qui commence à la fin du siècle dernier. Un jeune homme quitte le confort de sa maison familiale pour suivre des études de droit à Paris. Se sentant rejeté par la ville et les autres étudiants il rêve d’une vie audacieuse.

Il fait la connaissance d'Évelyne, plus âgée que lui et professeure de piano. Elle s’occupe le dimanche de son fils de treize ans qui vit chez son père car elle a refusé d’en assumer la charge. Elle est secrète, distante, insaisissable. Néanmoins une relation amoureuse naît entre les deux amants. Après la mort du père de son enfant, tous les trois vivent quelques mois ensemble dans un appartement en banlieue parisienne.

Mais Évelyne va abandonner les deux nouveaux hommes de sa vie et chacun va essayer à sa façon de combler cette absence. Toutefois La vie audacieuse semble  le fait de la femme car elle épouse sa liberté plus qu'aucun autre "objet" d'amour.

Tout est évoqué de manière mélancolique et prégnante. Elena Costa ne cherche jamais à faire de l'effet et c'est ce qui donne par vagues de nostalgie tendre une dérive où se savourent des flots d’extases provisoires, des attentes et certains courants salvateurs - ou non.
Il reste toujours dans les pages de ce roman un havre de grâces et de troubles. Il remonte en surface comme des fresques sauvées des murs où les instants d'éternité sont toujours provisoires et toujours à recommencer...

Ici le métier de vivre ne permet que rarement de s'enivrer sinon de la manière la plus simple et primitive. Elle se nourrit des éblouissements qui passent au fil des jours pour ramener parfois aux languissements suaves et aux palpitations d'une Cronaca di un amore. Et ce en référence à Antonioni tant le noir et blanc et les effets de pans du cinéaste semblent coller à un tel roman.
 

Jean-Paul Gavard-Perret
 

Elena Costa, La vie audacieuse, Gallimard, février 2020, 256 p.-, 20 €
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