Quand Pénélope Bagieu revisite Roald Dahl

Nous avions laissé Pénélope Bagieu en fin d'année 2019 avec ses Culottées réunies en un gros album fracassant. C'était le signe qu'elle montait en puissance jusqu'à recevoir le prix américain le plus prestigieux de la B.D.

Gallimard a offert – sans doute en conséquence – à l'artiste la possibilité de mettre en images ce qui fut un de ses livres de chevet lorsqu'elle était enfant  et un best-seller : Sacrées sorcières.
Ce fut pour elle chose facile – trop peut-être.

En mettant son dessin au service de l'imaginaire littéraire de Dahl, étrangement, Pénélope Bagieu laisse percevoir les limites de son univers plastique.
A-t-elle travaillée trop vite poursuivie par des impératifs de publication ?
S'est-elle laissée porter par l'univers du livre trop paresseusement ?
Toujours est-il que l'ensemble manque de grâce et d'impertinence.

Une grand mère non indigne a beau fumer et boire plus que de raison, cela ne suffit pas à transformer ce livre des angoisses surmontables en un must du 9ème art. Les sorcières sont ce qu'elles sont à savoir aussi ordinaires que nous mais en encore plus détestables.

Elles haïssent les enfants et sous les ordres de la Grandissime Sorcière elles entament une entreprise de disparition extravagante. Néanmoins la grand-mère et un petit garçon vont sauver l'humaine engeance made in England.
L'esprit du livre original demeure perceptible. Mais ni les ajouts narratifs de l'artiste, ni ses dessins offrent de nouvelles avancées. L'ensemble reste décevant. Il faut attendre que Pénélope revienne à ses fondamentaux pour  ravir et séduire.
 

Jean-Paul Gavard-Perret
 

Pénélope Bagieu, Ronald Dahl, Sacrées sorcières, coll. Fétiche, Gallimard, janvier 2020, 304 p.-, 23,9 €

Sur le même thème

Aucun commentaire pour ce contenu.