En attendant l'été : Anna Zerbib

Pour présenter son livre Anna Zerbib écrit : C’était l’hiver après celui de la mort de ma mère, c’est-à-dire mon deuxième hiver à Montréal. J’ai rencontré Noah et j’ai eu ce secret. Tout s’est produit pour moi hors du temps réglementaire de la perte de sens. Et d'ajouter une peu plus loin : Pour le secret, je ne suis pas certaine, il était peut-être là avant, un secret sans personne dedans.

Et soudain, aux heures de confinement que nous vivons, ce roman plein d'émotions est encore plus prégnant. S'y mêlent la disparition, la mort (d'une mère), mais aussi l'amour, ses fantasmes, ses désillusions qui servent – en de petits arrangements avec le réel – de ruses nécessaires pour tenir et attendre l'été.

C'est donc l'ostinato d'une sortie future en attendant que la glace de neige qui recouvrait les corps finisse par disparaître. Il s'agit de savoir comment remarche la vie et/ou de reprendre la route un temps arrêtée. Il faut déclore la chair, redonner de l'élasticité à la peau afin qu'elle soit de nouveau poreuse à la caresse.

Pour le moment reste plus le trajet que le but. Celui-ci sera révisé plus tard. A l'instant t, rappelle Anna Zerbib, il y a mieux à faire. Ne plus rester prisonnier de la saumure et  donner à l'âme et ce qu'il y a autour son élan au milieu de diverses flammèches. Bref comme l'héroïne, il faut savoir rester des rebelles aux harcèlements de temps et attendre les hirondelles. Pas à pas. Corps à corps.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

 

Anna Zerbib, Les après-midi d'hiver, Gallimard, mars 2020, 176 p., 16,50 €
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