Les sept femmes de Caterina Bonvicini

Un soir de Noël, sept femmes attendent un homme. Pas n'importe lesquelles : celles qui ont accompagné ou accompagne de la vie d'un auteur à la fin déclinante – Vittori.
Sont donc présentes sa mère, sa sœur, sa femme, son ex-femme et son amante, sa fille adulte et la benjamine, encore adolescente. Vittorio brille par son absence. Et chaque chapitre donne la parole à l’une des protagonistes qui s'impatientent plus ou moins.

La mère de disparu reçoit un mystérieux message de son fils : juste quelques mots énigmatiques qui parlent d'année sabbatique. Tout cela rend son absence des plus étranges si bien qu'une enquête est ouverte sur sa disparition.
Les mois filent sans informations sur le sort de Vittorio. Mais une nouvelle alliance se produit entre les femmes. Exit l'hostilité qui les animaient les unes envers les autres. S'instaurent une complicité imprévue car le vieil auteur était leur lien commun en dépit des brouilles.

Caterine Bonvicini subjective la langue dans ce roman choral qui prend corps au sein du milieu bourgeois milanais. Tout s'entremêle en capsules sonores et motifs psychiques parfois obsessionnels en ce qui tient du roman policier et de la comédie incisive. S'y découvrent la force et la pression autant des proches que de la société en son ensemble.
Tout rebondit dans une revisitation entre narcissisme et autonomie supposée. La coquetterie et les pauses sont remplacées par la mise à nu de divers malaises dévoilés. Ils viennent parfois du plus profond de l'existence  et s'éloignent désormais des apparences.

Sociologie et psychologie vont de paire là où l'auteure nous permet d'entrer dans la psyché de ces femmes. Les mots qui leur manquaient jusque trouvent la formulation qui force désormais de nouvelles zones de sens.
 

Jean-Paul Gavard-Perret
 

Caterina Bonvicini, Les femmes de, traduit de l'italien par Lise Caillat, Gallimard, mai 2020, 224 p.-, 19 €

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