Hervé Termine : contre une justice expéditive

Passionné par son métier et sa fonction d'avocat, Hervé Termine s'y engagea sous l'égide d'un mentor des plus brillants : le marseillais inclassable Emile Polac qui fut entre autre le défenseur de Pierre Goldman.
Le pénaliste – contrairement à son modèle – est souvent considéré comme "l'avocat des riches" :  ce qui est un peu court et sévère :  Hervé Termine ne raisonne pas en simple parcours social.

Son livre peut déranger car  il met du sable dans les engrenages d'une éthique fallacieuse. L'auteur aime son époque mais il lutte contre une nouvelle plaie : le souci de la (prétendue) transparence.
Face à cette vue de l'esprit, il défend le secret et l'ambigüité. Il le prouve en inscrivant en incipit la phrase de Malraux : La vérité d'un homme c'est d'abord ce qu'il cache.

Cette propension n'empêche pas que l'obligation d'un avocat est celle d'une intégrité revendiquée. Et ce même si son souci premier n'est pas le vérité mais le défense de celles et ceux qu'il a la tache de défendre. L'auteur  rappelle que la vérité totale n'existe pas. Au besoin l'avocat doit se contenter de celle de ses clients et de leur dossier – quitte parfois à se retirer d'une affaire lorsque ceux-ci s'enferment dans une position intenable et indéfendable.
Mais pour Hervé Termine la question de la preuve demeure essentielle. Sans elle la condamnation est impossible  : le doute doit toujours  bénéficier à l'accusé comme le pensait Voltaire qui préférait un malfrat en liberté qu'un innocent condamné à tord.

Le livre est aussi brillant que les plaidoiries de son auteur. Il rappelle qu'un procès n'est pas fait pour réparer la victime mais donner la justice – ce qui est bien différent. Et l'avocat de rappeler que juger est plus complexe qu'il n'y paraît – si bien que lui-même n'aurait pu s'y soumettre.

Relatant des exemples d'affaires judiciaires connues et méconnues, l'avocat démonte  les mécanismes de la justice française, traite avec ironie ses rapports avec les médias. Il défend une position altière au moment où la prétendue transparence n'est l'objet que de fuites ou d'éxécutions hatives sur les réseaux sociaux. La justice mérite mieux que ça et Hervé Termine le rappelle avec brio.
 

Jean-Paul Gavard-Perret
 

Hervé Termine ( avec la collaboration de Marie-Laure Delorme), Secret Defense, Hors série coll. Connaissance, Gallimard, septembre 2020, 192 p.-, 18 €
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