Jeroen Brouwers : la communauté inavouable

Ce roman de l'un des plus grands écrivains néerlandais est celui de la cruauté humaine quasi absolue. Elle est incarnée par une armée de démons qui prétendent obéir à Dieu pour mieux asseoir leur pouvoir et assouvir leurs pulsions mortifères.
Rarement des récits sont aussi noirs. D'autant que l'histoire passe en un lieu qui devait être un havre de paix et de science : à savoir un pensionnat franciscain dans  les Pays-Bas, au début des années cinquante.

Un des frère devient témoin des mauvais traitements imposés aux élèves par le directeur. Et il découvre – suite à une enquête sur la disparition d'un élève – un système reposant sur la violence et le sadisme.
Tout est fait de descriptions d'un quotidien de sévices négriers envers des élèves dont l'enfance est volée et violée. Les coups pleuvent, les supplices autant ainsi que des gestes plus que déplacés.

Le bois dénonce les abus terribles de ceux qui sous couvert de sainteté profitent de leur pouvoir. Mais il met tout autant l'accent sur la part de responsabilité de chacun.
D'où une réflexion impitoyable sur la vie en communauté qui sous couvert de sainteté devient inavouable et sur le pouvoir monstrueux des mots pour que meurent les âmes.
 

Jean-Paul Gavard-Perret
 

Jeroen Brouwers, Le bois, traduit du néerlandais par Bertrand Abraham, coll. "Du monde entier", Gallimard, octobre 2020, 352 p.-, 22 €
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