Nolwenn Le Blevennec : règlement de contes

D'une certaine manière le premier roman de Nolwenn Le Blevennec prouve que le mariage mène à tout. À condition d'en sortir. Voilà pourquoi je n’ai jamais réussi à me sentir coupable de mon histoire avec Joseph. Pour moi, ce n’est pas une vengeance, mais un juste retour des choses. Une péripétie logique. Le risque qu’Igor a pris. L’heure de mes aventures, précise la narratrice.

Mais c'est aussi une manière de souligner que celle-ci, dans son addiction amoureuse, ne se retrouve pas forcément heureuse comme des poissons dans l'eau ou un aigle dans l'air. Et le roman devient l'exploration des comportements les plus absurdes induits par la passion – surtout lorsqu’elle est interdite.

La débusqueuse de veufs profite de la faiblesse de l'un d'eux pour s'attacher à lui. D'autant que ce qu'elle apprécie chez les hommes c'est leur déséquilibre. Elle peut grâce à cet homme conjuguer son état d'éternelle jeune femme plus ou moins candide (mais moins que plus) au trajet d'un homme qui a vécu.

C'est du moins sa justification qui tient en partie d'un fiasco. Son amour de commando permet une histoire plus complexe que celle proposée par l'état du mariage. Existe là une manière de rêver un peu de "temps à l’état pur" cher à Proust.  Mais cette propension se heurte à bien des difficultés. Tout est en courbes et fantaisies pas forcément faciles ou drôles pour toucher à l’indicible au milieu de rites illicites qui devraient être moins tapageurs eu égard à leurs états.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

 

Nolwenn Le Blevennec, La trajectoire de l’aigle, Gallimard, 176 p.-, janvier 2021, 16 €
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