En 1974, Alix de Saint André quitte  Saumur et la demeure  cossue où elle avait grandi, à l’ombre du Cadre Noir, dont son père était Grand Écuyer.
Elle s’installe à Paris, 7eme arrondissement pour faire sa terminale au lycée Victor-Duruy, riche de promesses potentielles de liberté. Mais elle déchante dès le jour de la rentrée au milieu de pétasses qu'on nommait alors pimbêches. Et pour pimenter l'ensemble, sa voisine, tout de bleu marine vêtue, semble sortie d’un nid d’intégristes. Mais cette fameuse Pia va devenir sa meilleure amie. Et  ce livre lui est dédié.

Nous les retrouvons dans un endroit foutraque  : la pension (le "Home Pasteur") . L'auteure en remonte l'histoire entre épopée et anecdotes. Ce havre de la rue de Babylone est une ruche farfelue, et le récit des aventures qu'elle a abritées donne l'occasion à la romancière d'exercer sa verve. Et ce, au fil d'une succession de chapitres trépidants - depuis le temps de l'Occupation, alors que le Home Pasteur était tenu par la grand-mère de Pia, jusqu'à sa fermeture, en passant par les années sexe et rock'n'roll

Le livre est curieux et plaisant. Il entraîne dans cette confraternité buissonnière du 7ème arrondissement de Paris. Exit les évocations à la Modiano au profit d'une quête parfois un peu trop longue. Mais il existe là bien des péripéties sur les comparses de ce moment de jeunesse.
Et l'auteure cultive le côté journalistique (avec beaucoup d'entretiens) non sans folie à l'image de la pension qui appartint à François Gibaud et où logèrent Alain Cuny, le scénariste Paul Gégoff, le mari de Sagan et bien d'autres.

La fantaisie emporte dans ce qui est ébouriffant, voire époustouflant entre huile et vinaigre. Nous suivons ce jeu de piste non académique avec plaisir tant la frénétique mémorialiste sait animer des pages d'un passé fin de siècle dernier.
 

Jean-Paul Gavard-Perret

Alix de Saint-André, 57 rue de Babylone Paris 7e, Gallimard, avril 2021, 440 p.-, 29 euros