Alain Robbe-Grillet, Claude Simon et les autres

Pour les écrivains du nouveau roman la monstration du secret ne peut passer par la loi traditionnelle de l'aveu biographique. Ses adeptes quoique fort différents développent une langue parallèle.
Arraché à sa narrativité classique, le romanesque est détourné du lit de son fleuve tranquille. Il fait le jeu d'une autre proximité plus intéressante que ces échanges de lettres permettent de comprendre.

La fiction perd son statut de bloc de référence au réel  afin qu’émerge une littéralité différente faite de fragmentations, dispersions, incisions, coupures.  De ces bribes assemblées surgit l'attrait du néant (chez Beckett) ou la quête du sens (Sarraute). La poétique de l'imaginaire prend des tournures inconnues.

Dans cette stratégie, les auteurs réunis ici pulvérisent les voies de la prétendue transparence narrative. Ils reprennent la recherche qui – après Joyce et Dos Passos – par-delà l'histoire d’une vie fait émerger certaines pièces qui en font partie mais qui ne peuvent l'englober en sa totalité. Chaque fiction se présente donc comme un puzzle, un assemblage de pièces disparates.. Elle laisse apparaître des doutes voire des confusions et des absences. Tout semble y apparaître. Tout sauf le secret écrit Claude Simon. Et l’auteur d’ajouter : Face à une idéalisation très influencé par la rêverie, il n'existe pas un peuplement par les aveux mais par la splendide limpidité du Rien. Mais chez ces romanciers, sous ce "Rien",  quelque chose remue. Leurs romans  le fait vibrer.


J-P Gavard-Perret


Collectif, Nouveau Roman. Correspondance, 1946-1999, Michel Butor, Claude Mauriac, Claude Ollier, Robert Pinget, Alain Robbe-Grillet, Nathalie Sarraute et Claude Simon, Édition de Carrie Landfried et Olivier Wagner, coll. Blanche, Gallimard, juin 2021, 336 p.-, 20 €
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