Philippe Delaveau : faire parler le silence

Philippe Delaveau sait que la peinture est entre tous les arts est celui du silence. Ses poèmes lui donnent voix. Ils permettent à la muette une bascule audacieuse dans le langage en le purifiant par l'éradication de son corpus de l'archéologie du fugace et des mots vains.

La vraie poésie comme le vraie peinture ne représentent pas le monde : elle le réinvente en faisant jaillir une présence invisible. La peinture montre à la surface du poème. Les deux franchissent des parois et permettent au mystère de l'être de sortir de l'ombre (comme Cézanne le fit de la Montagne Sainte Victoire) pour atteindre quelque chose de plus grand, de plus haut.

Le poème dans sa musique devient la chambre du mystère de la peinture. Ce qu'il en dit est un autre regard, un itinéraire, un exutoire par retour sur divers tableaux. Exit le commentaire : Delaveau témoigne de ce que la peinture "fait' et donne à son silence une clameur d'arène. Il remet sur la trace des œuvres qui plus que suivre les horizons, en rapproche ce qui généralement recule.
Le poète inventent de telles voutes et éclaircies ; ses poèmes sont des chemins qui mènent aux chefs d'œuvres des grands perturbateurs Goya, Cézanne. Mais ce ne sont pas les seuls.  Il leur accorde la lumière qui manque et voix à leur silence.
 

Jean-Paul Gavard-Perret

Philippe Delaveau, Huit notes fluides pour le silence, coll. Blanche, Gallimard, novembre 2021, 156 p.-, 16 €

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