Italo Calvino : la littérature et le monde

Perdure dans les essais de Calvino une dimension mythique et fabuleuse qui lui permit d'ouvrir des  aperçus de la réalité sous la forme de rêve. L'auteur montre aussi qu'il est autant intéressé par Sciascia qu'attiré par la littérature populaire et de science-fiction qui annonce le Calvino postérieur, celui qui va abandonner l'idée de la littérature comme un message politique.

Mais alors que la science-fiction est portée à l'avenir, Calvino remonte   à un lointain passé et vers une sorte de mythe des origines. Néanmoins l'écrivain ligure utilise les données scientifiques pour quitter les habitudes de l'imagination. Preuve sans doute que Calvino voulait exprimer métaphoriquement des expériences différentes à travers laquelle l'homme contemporain peut retrouver son humanité.

Ses essais permettent de décrire l'homme moderne divisé et incapable de trouver le juste équilibre entre le bien et le mal. Il  suggère une réflexion sur la nécessité d'être, d'exister, c'est écrit-il, la réalisation la plus importante et qui suppose que toutes les autres.

Ce qui ne l'empêche pas en même temps de rendre visible aux lecteurs – sous l'influence autant de Borgès que de Queneau, de l'Oulipo – la structure même du monde pour accroître leur niveau de conscience. Calvino est convaincu que désormais l'univers linguistique a supplanté la réalité. Il  voit le roman comme un mécanisme qui joue des combinaisons de mots possibles artificiellement dans une vision "neoavanguardia" tout en prenant des distances nécessaires avec  la sémiologie et le structuralisme purs et durs.

Jean-Paul Gavard-Perret

Italo Calvino, Tourner la page, trad. de l'italien par Christophe Mileschi, coll. Du monde entier, Gallimard, novembre 2021, 488 p.-, 24 €
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