Stefan Hertmans et la musique du silence

Récemment, avec les quatre essais de sa Poétique du silence, (coll. Arcades, Gallimard) l'auteur présentait sa réflexion sur le langage et son rapport au silence – question cruciale que bien des poètes se sont emparés dont Beckett au premier chef.
Le Néerlandais s'y demandait si l’écriture et la parole détournent de l’expérience véritable, de la vie. Et il s'appuie pour y répondre les décisions de Hofmannsthal, Hölderlin, Jakob Lenz et Paul Celan de se taire.

Mais, pour reprendre une phrase de Michel Camus, le silence parle encore le silence. Et cette Poétique révèle l’importance des auteurs germaniques dans la formation philosophique et linguistique de l’écrivain, montre une autre facette d'un romancier à succès et prouve sa force théorique au sujet de la littérature.
Or, Sous un ciel d’airain fait mieux : le livre souligne l'évolution poétique du Belge. D'abord influencé par Celan et son minimalisme ascétique, Hertmans développe de manière moins austère une musique du silence soudain  habitée d'une envergure philosophique ou amoureuse où se déploient diverses interrogations actuelles ou intemporelles.

Si bien que cette anthologie devient un voyage mystérieux dans les arcanes de la mélancolie, de la mémoire, de l’histoire et de l’art. Une voix surgit de la nuit de l'Histoire pour donner plus de réverbérations à ce qui se passe aujourd'hui.

Jean-Paul Gavard-Perret

Stefan Hertmans, Sous un ciel d’airain  Poèmes 1975-2018, traduit du néerlandais par Philippe Noble, coll. Du monde entier, Gallimard, 26 mai 2022, 304 p.-, 20€

Sur le même thème

Aucun commentaire pour ce contenu.