Etienne Faure : froissements d'ailes

Deux épigraphes qui ouvrent le premier ensemble de ce recueil de textes d'abord publiés en revues : Nous nous touchons comment ? Par des coups d’ailes (Rilke) et Comme à chaque saison c’est le désir qui les fait venir de si loin (William Carlos Williams) le régissent.
S'y rencontre un continent poétique de Hölderlin à Gombrowicz, de Sylvia Plath, à Baudelaire, de Villon à Louise Labé, de Césaire à Apollinaire selon divers emploi - outre bien sûr le français à plusieurs langues.
Les oiseaux surgissent ça et là, garancés ou non. Hirondelles, pies, corbeaux et corneilles signalent diverses saisons dans une poésie certes ailée mais tout autant du corps.

Les artistes ne sont pas oubliés du moins  lorsqu'ils  peignent des oiseaux : Breughel, Johannes Larsen, Kirchner, Van Gogh, Paul Schaan et même Soulages. Mais les écrivains gardent la part belle car pendant longtemps écrire et voler étaient le sort des plumes. Et, ce même si seuls les oiseaux migrateurs justifient le titre en leur vol en V.

Ils évoquent d'autres vivants plus humains : les oubliés de la vie, les gens quotidiens dont ceux qui à Paris connurent la rafle de Vel d'Iiv en 1942. Le tout dans des poèmes ambitieux qui ne contiennent souvent qu'une seule phrase et où l'auteur se permet quelques jeux retors à la forme par coupures et mots populaires pour - comme dans le vol des oiseaux - un froissement perpétuel.
 

Jean-Paul Gavard-Perret

Étienne Faure, Vol en V, Gallimard, mai 2022, 144 p.-, 16€
Découvrir les premières pages...

Sur le même thème

Aucun commentaire pour ce contenu.