La poésie radicale de Wislawa Szymborska

Lorsqu'elle reçut le prix Nobel en 1996,  Wislawa Szymborska était un nom quasi inconnu aux lecteurs francophones de poésie. Hors de son pays elle était peu connue. Le Livre rassemble des fragments de neuf recueils qui traverse 50 années de la production de la poétesse qui nous rassure lorsqu'elle écrit : Il n'est point de vie qui, / même un court instant, / ne soit immortelle.
L'œuvre est singulière par sa simplicité éloignée de toute obscurité ou facilité formelle. Elle développe les thèmes philosophiques et métaphysiques sans aucune pesanteur ou  logomachie mais avec  une ironie qui transforme le tragique en quasi plaisanterie, ce que traduis.
Wislawa Szymborska s'est toujours tenue à l'écart des médias pour traduire la capacité de vivre sans illusion et sans rejeter (au contraire) les grands questionnements au vif de la vie quotidienne. Elle est devenue l'empêcheuse de tourner en rond, la remetteuse en cause des normes et des habitudes avec un art de l’humour noir.
La perplexité du monde passe dans son langage comme une lettre à la poste. Revendiquant sa faculté à  l'ignorance elle reste la songeuse insomniaque qui est capable d'ajouter un dernier mot – même à la mort et aux limites de l'humain trop humain dont elle devint la meneuse discrète de revue, la montreuse de leur marionnettes.

Jean-Paul Gavard-Perret

Wislawa Szymborska, De la mort sans exagérer, traduit du polonais par Piotr Kaminski, Poésie/Gallimard, avril 2021, 320 p.-, 10,20 €

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