Javier Santiso : un couple

Dans ce pas de deux il n'existe pas de deux. Une femme d'exception se voit relégué au rang de marionnette par un homme de génie : à savoir Edward Hopper.
Peintre elle-même, elle a tout sacrifié pour lui – art compris. Et l'auteure lui prête sa propre voix pour qu'elle devienne la narratrice de sa descente aux enfers  : Parfois, je rêve, je me vois donnant des coups de pinceau, le sang me monte aux yeux, je reprends du poil de la bête. [...] Je suis alors aux anges, au milieu des tubes, je patauge au milieu des flaques de couleurs, et l’homme qui est à côté sans y être ne devient plus qu’un lointain souvenir, un feu follet, un crissement sur le grain de la toile. Ne reste pour elle qu'une résignation et un sacrifice consentis.
Hopper ne cesse de s’éloigner : elle ne l’alpague qu’en devenant son modèle et donc toutes les femmes. Mais elle n'en est plus une. Et Javier Santiso fait d'elle non la narratrice  de ce roman mais son  héroïne victimaire.
Elle reste l'exploratrice de la profondeur des sentiments qui l'attachent encore à Hopper. Pour preuve elle ne lui survécut que dix mois tandis que ses propres toiles furent reléguées dans les caves des musées ou tout simplement jetées. Certaines d'entre elles refont surface aujourd'hui grâce à Elizabeth Thompson.

Jean-Paul Gavard-Perret

Javier Santiso, Un pas de deux, Gallimard, mars 2023, 238 p.-, 20€

Lire aussi la chronique de François Xavier

Sur le même thème

Aucun commentaire pour ce contenu.