Ariane Deryfus : douleurs et extases

Il existe dans ces deux recueils une force érotique intense. Dans un renversement des visions classiques, c'est le mâle qui devient lys : Cet homme qui reste près de moi et sa fleur qui se dresse. Il symbolise la beauté, le force et la fragilité de l’incarnation comme du lien dans le temps.
Avec Iris c'est le je de l'auteure qui s'adresse directement à l'amant avant de devenir dans le second recueil plus large mais avec les mêmes accents contrecarrés néanmoins par la folie meurtrière de ceux qui outragent les femmes et la nature ( au Rwanda, en Iran, en Afghanistan ou ailleurs) .
Ces deux textes deviennent des livres majeurs. Ils  s'inscrivent contre un certain basculement du monde vers le néant. Croyante en l'être comme en la nature, la poétesse ose encore s'accrocher à leur herbe pour continuer à savourer ce qui fait l'extase de la vie : la volupté du désir et les "fruits" qu'elle donne au couple. Avec le temps celui-ci glisse dans la douceur sans rien perdre de son émerveillement premier. Il est nourri aussi ici de liens avec la peinture :  celle de Valérie Linder et surtout de  Gérard Schlosser qui est couronné en sous titre de Nous nous entendons.

Jean-Paul Gavard-Perret

Ariane Dreyfus, Nous nous attendons précédé de Iris, c’est votre bleu, Gallimard, avril 2023, 272 p., 9,10 €

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