Jean-Pierre Verheggen : diagnostics bouffons

Jean-Pierre Verheggen défend une poésie vitale même lorsqu'il aborde le sujet épineux de ses (nombreuses) maladies. Ne voulant accepter le glissando que tend la mort il vidange la mécanique de ses fluides comme ceux du discours établi à l’inverse des auteurs simplets pratiquants qui rasent les lecteurs de leur Gillette à trois lames.
À l’ombre de Michaux le maître, il éclaire de manière sardonique le mal physique par le spectacle qu'il instaure : celui du grand guignol poétique. Il coupe court aux canonisations et béatifications d’usage. Sa voix dissidente indique aux chœurs et coryphées des bonnes âmes la porte de sortie.
La poésie reste avec Verheggen une chronique comique du réel par ce que son langage transforme. Un tel art aiguise les esprits les plus sagaces même s'il semble la portée du premier imbécile venu. Mais ne nous y trompons pas un tel langage pose la question du sens et de son enracinement et semble mettre en communion avec le familier et l’intime. Mais l’hydre poétique en accentue la fiction
Jean-Paul Gavard-Perret
Jean-Pierre Verheggen, Le Sourire de Mona Dialysa, Hors série Littérature, Gallimard, mai 2023, 96 p.-, 14,50 €
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