Georges Ambrosino, Georges Bataille : comment sauver la planète ?

La correspondance de Bataille et d’Ambrosino découvre l’évolution postérieure à la guerre de leur société secrète et avant-gardiste à partir d’une complicité renouée qui continue jusqu’en 1947. Après les choses se gâte mais tout n’est pas perdu. Pour preuve la correspondance perdure. La revue Da Costa Encyclopédique prolonge certains aspects surréalisants de cette aventure des années 1930 et - entre autres - de la revue Acéphale. Elle est désormais suivie  par exemple la revue Critique qui a bien perdu de sa superbe depuis quelques années en devenant une sorte de prospectus publicitaire pour les éditions de Minuit).

L’histoire de l’amitié révélée par ces lettres est aussi celle d’une passion pour la recherche d’une autre idée de la poésie – non en tant que prurit de l’égo mais révélation d’une « vérité suprême. Ambrosino pratique par la science, Bataille par la philosophie en une vision son plus folle mais aussi plus visionnaire. Le scientifique débordé, révolté mais rigoureux, s’enflamme pour certaines pages de  La Part maudite de Bataille et les pages philosophiques de Critique.

L’échange se passe sous le signe de l’affectivité et d’une vision quelque peu erroné sur ce qui apparaît aux deux épistoliers comme anti-marxiste . Mais c’est un biais de l’époque qui croit trouver  chez Marx  une manière de concilier l’histoire au "non-sens" afin de former une communauté universelle. Ce que Bataille contestera plus tard préférant sauver l’histoire par l’apologie  de l’inachèvement, de la dilapidation et de « dépense » improductive. Le tout dans le rêve de sauver la planète ce qui reste plus que jamais d’actualité.

Jean-Paul Gavard-Perret

Georges Ambrosino, Georges Bataille, L’Expérience à l’épreuve, correspondance et inédits ( 1943-1960 ), coll. « Hors Cahiers », éditions Les Cahiers, novembre 2018, 35 euros

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