Georges Pérec et Lacques Lederer : pro mais pas trop

Le mot "ami" – choisi pour le titre – n'est pas suffisant afin de  définir le relation qui réunit - et selon les mots de Pérec - "deux magnifiques connards". À cela une raison majeures : des histoires d'amour (enfin presque). Elles finissent mal en générale et constellent ces échanges dont cette nouvelle version non expurgée est gonflée de lettres inédites (les concernées étant désormais disparues).

Lederer est l'aîné des deux correspondants, ce qui ne l'empêche pas de considérer le futur auteur des "Choses" comme un grand frère. Il est  vrai que Pérec semble plus mature même si ses propres aventures féminines n'ont rien à envier aux errances sentimentales de l'ami.

Toutefois cette correspondance ne se limite pas aux affres de deux coeurs qui s'enflamment comme des allumettes. La déportation, les morts de la Shoah  qui ont touchés dans leurs chairs les correspondant planent. Mais c'est peut-être ce qui donne aux deux jeunes hommes ce besoin de vivre de manière un peu échevelée.

Dès lors le corps (et parfois le coeur) des femmes restent centraux et prégnants. Et c'est bien ce qui fait le sel de cet échange entre deux compères qui se voudraient experts de l'amour mais n'en sont que des valets incapables de se tenir à carreau. Bref se sont d'aimables dysfonctionnels dont les lettres ravissent.

Jean-Paul Gavard-Perret

Georges Pérec et Jacques Lederer, "Cher, très cher et charmant ami...", Correspondance 1956-1961, Editions Sillages, 2019, 670 p., 29,50 €

 

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