Puis-je vraiment rire de tout ?

De quoi Dieudonné est-il le signe ?

Un essai sur le rire qui commence par se poser la question de savoir si la phrase de Pierre Desproges, assassine et drôle sur les Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale, changerait de sens si c'était Dieudonné qui l'avait prononcée, pose la question du rire comme éléments politique. Peut-on rire de tout, avec tout le monde, à toutes les époques ? En quoi le rire est-il une arme ? une insulte ? Pourquoi nous ne rions pas tous des mêmes choses ? Pourquoi ce qui plaisait avant (les imitations de Michel Leeb par exemple) ne plaît plus aujourd'hui (taxées de racisme) ? Pourquoi il y a des rires ethniques, culturels, sociologiques, et des rires interdits ? 

L'essai Puis-je vraiment rire de tout ?, qui met toute sa nuance dans ce vraiment, se présente en deux moments, d'abord une "dissertation" de philosophie, ensuite un recueil de textes de philosophes commentés. Gilles Vervisch pose dans son analyse les questions à la fois d'actualité et des fondements du rire, cette chose diabolique qui est interdit dans certaines sociétés, dont la nôtre (Dieudonné par exemple a été condamné pour un sketch). Fort du principe de questionnement, Vervisch  avance dans son sujet avec beaucoup d'intelligence, en convoquant à la fois le sens commun et une vraie belle analyse des textes.

Le rire est, paraît-il, l'essence de l'homme. On sait depuis l'étude des bonobos que cette assertions n'est plus vraie. Pour certains, c'est la part du Diable, pour d'autre une manière de salut par lequel échapper à l'oppression de la société et à sa propre peur. La conclusion est assez intéressante, elle ouvre sur une nouvelle perspective, qui mettrait le rire du côté de l'intelligence : "on peut rire de tout, mais tout le monde n'en est pas capable". A méditer.

Loïc Di Stefano

Gilles Vervisch, Puis-je vraiment rire de tout ?, les éditions de l'Opportun, "les philosopheurs", 96 pages, janvier 2013, 9,90 eur
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