Letter 44, tome 1 - Vitesse de libération

Stephen Blades, le 44e Président des Etats-Unis nouvellement élu, espère résoudre les principaux problèmes du pays : la guerre, l'économie, ou le système de santé. Dans une lettre laissée par son prédécesseur, Blades découvre la vérité sur la situation actuelle et réalise bien vite qu'il va avoir plus urgent à gérer.

Il y a sept ans, la NASA a découvert la présence d'un vaisseau extra-terrestre dans la ceinture d'astéroïdes entre Mars et Jupiter. Le gouvernement n'a rien révélé aux habitants des USA. Il a envoyé neuf astronautes à bord d'un vaisseau spatial pour prendre contact. Ils arrivent maintenant à destination…

Le président Blades est peut-être l'homme le plus puissant de la planète. Mais seulement de notre planète. Est-ce que ce sera suffisant ?


J'ai beaucoup aimé l'idée développée par Charles Soule et Alberto Jimenez Alburquerque dans Letter 44. Et ce premier volume nous donne une idée du potentiel fabuleux de ce comic book.


Le tour de force de Charles Soule est de rendre dynamique une histoire qui pourtant à priori ne l'est pas beaucoup. Une bonne partie des planches montre des personnages en train de parler, que ce soit le Président avec ses adjoints, ou l'équipe à bord du vaisseau spatial. Letter 44 est pratiquement un double huis clos, et on ne peut donc pas s'attendre à des scènes d'action écervelées à chaque épisode, même lorsque l'histoire se développe.


Mais Letter 44 a du potentiel, on l'a dit, et Soule, loin de le gâcher, ne tarde pas à l'utiliser pleinement. Ici, il ne joue pas la montre, le scénariste ne reporte pas à plus tard les événements pour gagner quelques épisodes et faire durer la chose. Non, on sent bien que la série est calibrée pour faire monter le suspens, donner des réponses et repartir de plus belle. Vous saurez en lisant ce tome un ce qui se cache dans cette ceinture d'astéroïdes. Mais la réponse vous fera poser d'autres questions, aussi passionnantes…


En lisant Letter 44, je me suis souvenu de Spin, un roman de science-fiction signé Robert Charles Wilson (fortement recommandé). Il y ici la même envie de créer une science tout à la fois énorme dans son concept (des ET qui construisent en secret quelque chose dans notre système solaire), mais proche de l'humain dans son traitement, que l'on parle du Président en plein dilemme moral ou de l'équipage du vaisseau Clarke (encore une référence !) en pleine inquiétude. C'est cette capacité à gérer le très grand et le très intime, comme Christopher Nolan dans son Interstellar, qui rend Letter 44 si passionnant, car évidemment les deux scènes se rapprochent régulièrement dans les thèmes traités.


C'est en fin de compte les dessins qui sont peut-être la partie la plus faible de cet album. La palette graphique d' Alberto Jimenez Alburquerque montre ses limites à certains moments, lorsqu'il faut varier les visages et les expressions. On pourra aussi trouver à redire sur quelques designs pas très inspirés, mais qui prennent un peu le lecteur à revers (je pense la forme des E-T, encore qu'on ne soit sûr de rien pour l'instant). Mais malgré ces réserves, on s'habitue à la patte d'Albuquerque, qui finit par s'imposer doucement.


Je vais être franc : sur les six comics Glénat à paraître ce printemps, Letter 44 était à priori celui qui m’intéressait le moins. Surprise : je l'ai lu d'une traite, sans voir le temps passer, et sans pouvoir le lâcher jusque la dernière case. Letter 44 s'impose comme un des nouveaux comics de SF à posséder dans une année qui pourtant n'en manque pas. Une très belle surprise comme j'aimerais en lire plus souvent.



Stéphane Le Troëdec




Charles Soule (scénario) et Alberto Jimenez Alburquerque (dessins)

Letter 44, tome 1

Cet album compile les épisodes 01 à 06 de la série Letter 44 publiée aux USA par Oni Press.

Édité en France par Glénat (09 juin 2015)

Collection Comics

160 pages

16,95 euros

ISBN : 9782344008614

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