Furious

Cadence Lark a connu enfant la célébrité et la gloire. Avec aussi ses déconvenues. Devenue adulte, elle se découvre avec des pouvoirs surnaturels. Elle choisit d'enfiler un costume et de rendre la justice. Mais l'enfer est pavé de bonnes intentions : Cadence a bien du mal à refréner ses pulsions de violence. Et les autorités commencent à se demander si leur travail n'était pas plus simple avant l'apparition de cette justicière incontrôlable…


Plus j'ai avancé dans ma lecture de Furious, et plus ce titre m'a plu. Au premier coup d’œil, il n'a rien de bien original : le scénariste Bryan J.L. Glass mélange le genre super-héroïque avec le thème des enfants stars. Mais à bien y regarder, le titre est plutôt bien fichu.


D'abord parce qu'on y suit une super-héroïne franchement débordée par sa nouvelle condition. Oncle Ben a dit un jour à Peter Parker : « Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités ». Maxime conditionnant à jamais la vie héroïque de Spider-Man. Heureusement que Cadence Lark n'ait pas été la petite fille d'Oncle Ben, car la jeune fille se met toute seule une immense pression. Un peu comme si le fait d'avoir été propulsée très tôt sous le feu des projecteurs l'avait privé d'une partie de son enfance, comme si elle devait prouver sa légitimité en tant qu'héroïne.


Être une super-justicière libère Cadence à un tel point qu'elle se lâche totalement : elle massacre les criminels à mains nues frénétiquement, à tel point qu'en tant que lecteur on sent comme une gêne apparaître. Est-elle vraiment une super-héroïne ? Dans Super, le film de James Gunn (avant qu'il ne triomphe avec Les Gardiens de la galaxie), le héros devient complètement fou et attaque à coups de clé à molettes de simples badauds pour des prétextes ridicules (tricher dans la file d'attente du cinéma, par exemple). La scène créait un contraste saisissant entre le concept du super-héros pur, droit et honnête, tel qu'on le conçoit en général, et l'anti-héros violent. À mon sens, Furious travaille cette idée, ce rapport avec le lecteur.


Ce qui m'a posé problème dans Furious, ce sont les deux-trois premiers épisodes. J'ai un peu eu le sentiment que Glass tient une idée, mais ne sait pas comment l'exploiter, la développer. Il y a comme une sorte de faux-départ. Le deuxième épisode est presque une redite du premier. Ce n'est que lorsque Perfidia, la nemesis de Cadence, apparaît, que le récit prend une autre tournure, et qu'enfin le récit semble se caler et avancer.


Bryan J.L. Glass et Victor Santos ont déjà travaillé ensemble sur la série The Mice Templar (Le Dernier des templiers, chez Milady Graphics). Et on sent bien que les deux auteurs se connaissent, qu'il y a déjà une certaine connivence. La narration de Santos est facile à suivre, c'est fluide, propre. Avec ce genre de sujet, on pouvait s'attendre à un titre graphiquement sombre, mais Victor Santos choisit au contraire la lumière.


Furious observe le concept de super-héros d'un point de vue original et moderne. Les auteurs n'hésitent pas à pointer du doigts les faiblesses, les doutes de leur héroïne. Par certains côtés, Cadence Lark, c'est un peu le Tony Stark (Iron Man), l'habitué de la presse people et autres frasques, mais qui aurait mal tourné.



Stéphane Le Troëdec




Bryan J.L. Glass (scénario) et Victor Santos (dessins)

Furious

Cet album compile les épisodes de la série Furious publiés aux USA par Dark Horse Comics.

Édité en France par Glénat (9 juin 2015)

Collection Comics

144 pages en couleurs sur papier glacé sous couverture cartonnée

14,95 euros

ISBN : 9782344008607

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