Lady Mechanika, tome 1 – Le Mystère du corps mécanique

Dans un monde « steampunk », celle que les journaux ont surnommé « Lady Mechanika » est une nouvelle héroïne qui défend la veuve et l’orphelin. En réalité, elle est la seule survivante d’une expérience qu’on suppose avoir mal tournée. Mechanika ne se souvient plus d’où elle vient ni comment c’est arrivé, mais on lui a greffé des bras mécaniques. Toujours à la recherche de son passé, elle a choisi de vivre une vie d’aventurière et de détective conseil. Et justement, de mystérieux crimes commis dans les bas quartiers de la ville attirent son attention…

 

Le public a découvert le dessinateur Joe Benitez à la fin des années 90 dans Weapon Zero. Joe Benitez est alors un des rejetons de l’éditeur Image Comics : son trait, très typique, reprend à son compte le style instauré d’abord par Jim Lee et Marc Silvestri, et prolongé par la suite par Jeff Scott Campbell. Et puis petit à petit, au fil des années, Benitez a un peu quitté les écrans radar. Tout au plus, on a pu le voir dernièrement dans un épisode du tome 1 de Paul Dini présente Batman (Urban Comics).

 

Le revoici avec une toute nouvelle série, Lady Mechanika, en solo, c’est-à-dire au scénario et au dessin. Pour son grand retour, Benitez joue la carte de la facilité : une héroïne (pulpeuse, forcément), au passé trouble, le tout dans un univers typiquement steampunk. Ce genre atypique a le vent en poupe depuis quelques années ; un succès qui touche carrément le monde du cosplay, où on retrouve d’innombrables jeunes demoiselles déguisées en héroïnes à la Jules Verne… plus ou moins habillées (soyons honnête : souvent moins) ! Benitez tient donc un concept qui a toutes les chances de cartonner.

 

Seulement… seulement le problème ici est qu’il est tout seul. Pas de scénariste pour organiser et structurer son histoire, lui donner un cap, et un peu de liant. Le résultat ? Lady Mechanika donne l’impression d’avoir été écrit il y a 20 ans, quand Image Comics vendait des comic-books par palettes entières. Joe Benitez a bien du mal à poser son univers et à faire avancer l’histoire. Du coup, il abuse des dialogues pour faire avancer l’action, surchargeant de nombreuses planches de bulles, qui ralentissent le rythme de lecture.

 

Rien de vraiment rédhibitoire, parce que Benitez assure de jolis dessins, et on sent qu’il aime ce qu’il fait. Certes, j’aurais aimé un peu plus de décors, un peu plus de détails, surtout que le genre se prête bien à la profusion de petits détails. Curieusement, l’artiste résiste à la tentation de nous montrer l’héroïne dans des poses trop lascives. Et il enrichit son dessin grâce à un effet « vieille gravure » sur certains fonds, effet plutôt intéressant. Dommage même qu’il n’utilise pas plus cet effet spécial.

 


Un exemple de déguisement cosplay

Lady Mechanika, c’est donc une grosse machine à remonter le temps. Si les comic-books des années 90 vous plaisaient, vous y trouverez votre compte, sans problème. Un plaisir régressif, en quelque sorte. Les amateurs de steampunk seront aux anges. Les autres risquent bien de s’ennuyer ferme devant de très belles illustrations, certes, mais qui peinent à former un ensemble convaincant.

 


La critique de Lady Mechanika, tome 3








Stéphane Le Troëdec

 

 

 

Joe Benitez (scénario et dessin)

Lady Mechanika, tome 1 – Le Mystère du corps mécanique

Édité en France par Glénat (1er juin 2016)

Collection Comics

 

112 pages couleurs, papier glacé, couverture souple

12,99 euros

EAN : 9782344016213

Aucun commentaire pour ce contenu.