Hadrian’s Wall, tome 1 – Aux confins de l'espace

2085. La compagnie Antarès embauche le détective Simon Moore pour enquêter sur la mort d’Edward Manigan, un de ses anciens amis. Manigan travaillait à bord du Hadrian’s Wall, un vaisseau spatial chargé de prospecter de nouvelles ressources naturelles pour Antarès. Seulement l’affaire prend très vite une tournure compliquée. Annabelle, l’ex-petite amie de Simon Moore devenue l’épouse de Manigan travaille aussi à bord du vaisseau, et ces deux-là ne peuvent plus se supporter. De plus, Moore est shooté aux tranquillisants. Mais la situation financière de Simon Moore fait qu’il ne peut pas refuser 100 000 dollars de salaire…

 

Fait du hasard, Hadrian’s Wall arrive dans nos librairies quelques mois seulement après le premier tome de COWL de la même équipe d’artistes. Kyle Higgins et Alec Siegel explorent un univers de science-fiction diaphane dans sa mise en scène et mêlent enquête policière et amours contrariés. Ils font ici la preuve d’une sensibilité narrative et d’une subtilité qu’on devinait déjà dans COWL.

 

Kyle Higgins et Alec Siegel développent un récit noir se déroulant sur fond de science-fiction : ni le vaisseau spatial ni le contexte post-apocalyptique ne font illusion, c’est bien d’un polar qu’il s’agit ici. Pour preuve, les stéréotypes du genre s’enchaînent d’une scène à l’autre, comme par exemple la présence d’Annabelle en femme fatale.

 

Au bout de ces quatre épisodes, Hadrian’s Wall me fait beaucoup penser à Shutter Island, le roman de Dennis Lehane. Non pas à cause de son twist final, mais par son contexte et son développement. On y retrouve un enquêteur contraint d’investiguer dans un contexte inamical : la plupart des membres du Hadrian’s Wall n’apprécient guère qu’on vienne fourrer son nez dans leurs petites affaires. Et puis chaque révélation, notamment sur les relations entre Annabelle, Simon et Edward, amène de nouvelles interrogations. On sent bien que le duo de scénaristes est loin d’avoir livré tous les secrets et que le tome 2 s’annonce rien moins que palpitant.

 

Rod Reis se charge des dessins et des couleurs, dans un style qui m’a parfois fait penser à celui de Phil Noto. À cause du rendu « peint », les dessins perdent en dynamisme ce qu’ils gagnent en cachet. Et c’est une assez bonne option : Hadrian’s Wall n’est absolument pas un comic-book d’action. L’ambiance feutrée prime par-dessus tout, et les dessins très calmes de Reis encouragent le lecteur à prendre son temps et soupeser chaque information.

 

Pour les amateurs de science-fiction, Il y a maintenant un nombre intéressant de très bons comic-books dans nos librairies. J’en fais régulièrement écho dans le Salon Littéraire. Avec Hadrian’s Wall, je craignais de tomber sur un titre peut-être un peu plus mineur. Il faut admettre que je me suis trompé : cet étonnant premier tome est très prometteur pour les fans de SF, ou pour les amateurs de polars exotiques.

 

 

Stéphane Le Troëdec

 

 

 

Kyle Higgins, Alec Siegel (scénario), Rod Reis (dessin)

Hadrian’s Wall, tome 1 – Aux confins de l'espace

Édité en France par Glénat (19 octobre 2016)

Traduit par Éloïse de la Maison

Collection Comics

144 pages couleurs, papier glacé, couverture cartonnée

16,95 euros

ISBN : 9782344011362

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