Stray Dog, tome 1

Ishtar. Les humains ont asservi les Karats, de puissants démons polymorphes. Toru est un de ces Karats lycantrhopes capturé par un caïd de la pègre, combattant dans des arènes pour son nouveau maître.

Seulement, Toru semble ne plus vouloir tuer, il cherche la rédemption, mais ignore pourquoi. Aussi, son propriétaire fait appel aux service du docteur Aokideso, spécialiste dans la fabrication de sceaux magiques destinés à contrôler la puissance des Karats.

Aokideso doit forcer Toru à se battre par tous les moyens, mais est-ce réellement sa seule motivation ?


Joli pavé que ce premier tome (plus de 300 pages tout de même !) : VanRah, signe là un premier travail professionnel de qualité. Le problème quand un auteur français se lance dans l'écriture d'un manga est de savoir comment il va digérer les codes de la bande dessinée nippone pour les restituer avec sa propre sensibilité. VanRah opte pour un « entre-deux » : par petites touches, on retrouve quelques éléments typiques du manga (les petits passages humoristiques avec des personnages déformés, le design général, des postures), mais VanRah parvient à imposer un style graphique, aidé en cela par une édition « à la française » (l'album se lit dans le sens traditionnel de lecture français). Quelques dessins sont maladroits (certains visages, ou bien le manque de décors). Mais on ne peut que constater l'envie de bien faire, et on sent que l’œuvre a été mûrement travaillée. Pour preuve, ce très joli travail de texture et de dégradé sur les ombres que j'ai trouvé magnifique, dont beaucoup d'artistes devraient à mon sens s'inspirer.


Le travail graphique était d'autant plus compliqué pour ce tome un que l'histoire ne laisse pas vraiment la place à l'action. Illustrer de longs « tunnels de discussions » n'a rien de simple, et VanRah s'en sort vraiment bien, son dessin n'étant jamais trop répétitif.


Le scénario fait donc la part belle aux discussions alors que l'histoire pouvait faire craindre un déluge d'action et de combats : arènes, bas fonds, démons surpuissants… Certains mangakas ont fait des séries avec moins que ça. Mais rapidement on comprend que Stray Dog choisit un autre chemin.

VanRah prend son temps pour détailler les relations ambiguës entre Toru et Aokideso. Sentiment agréable de ne plus trop bien savoir qui est en train de duper l'autre. La révélation qui survient au deux tiers de l'histoire nous fait alors comprendre que nous venons d'assister à une longue introduction.


D'autres scénaristes auraient choisi de commencer l'histoire par le dernier chapitre, par exemple, pour utiliser des flash-back . Difficile d'en dire plus sans déflorer l'intrigue, mais VanRah fait donc un choix plutôt ambitieux et finalement payant : à la fin de ce tome un les enjeux sont parfaitement posés. Je suis curieux de lire la suite.



Stéphane Le Troëdec




VanRah (scénario et dessins)

Stray Dog, tome 1

Édité en France par Glénat (juillet 2015)

Collection Seinen

320 pages noir et blanc sur papier mat sous couverture souple

9,15 euros

ISBN : 9782344008737


Lire les premières pages en ligne : cliquez ici.

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