Druuna – Anima

Une jeune femme s’éveille : elle est nue, et s’envole sur un animal volant pour découvrir un monde fantastique et incroyable. Sur sa route, de nombreux dangers et de terrifiantes embûches. Elle va croiser la route d’un homme, lui-même poursuivi par d’inquiétantes créatures…

 

En même temps que la réédition des premières aventures de Druuna, Glénat édite un nouvel album présenté comme une préquelle aux aventures de l’égérie du dessinateur Serpieri.

 

Disons-le tout net, l’argument final est faible. Comprendre que les liens avec la saga phénomène de Serpieri sont plus que minces, voire même nébuleux ou poussifs. En fait, on est presque en droit de penser que Serpieri a écrit une toute aventure indépendante et qu’au final on a choisi de l’intégrer à la « mythologie » Druuna. Là, c’est dit, mais ça n’en fait pas une mauvaise bande-dessinée pour autant.

 

Exit donc l’ambiance apocalyptique de Druuna, on est ici dans un univers graphique plus proche de la fantasy. Et ce sont bien les graphismes qui font toute la force de cet Anima. Serpieri laisse libre cours à la puissance de ses crayons. Certes, il y a une dose de sexe, encore qu’il me semble que ce soit assez calme de ce côté. Ce serait presque des passages un peu obligé, même si Serpieri n’a pas perdu de sa volupté question érotisme.

 

La nouveauté tient plutôt aux paysages et aux environnements. Serpieri fait évoluer sa nouvelle héroïne dans un monde bien plus coloré. Exit le côté biomécanique de l’univers et bonjour les grands espaces, maritimes ou forestiers. Et là, pour le coup, Serpieri nous revient en train grande forme, avec des planches absolument magnifiques et très travaillées, particulièrement en termes de colorisation. À noter que l’artiste a fait un choix audacieux d’un album sans bulle, et donc sans dialogue, qui permet de profiter encore plus du dessin.

 

Anima n’est pas la « vraie » préquelle de Druuna qu’on pouvait attendre, qu’on se le dise : les liens avec la saga de Serpieri sont artificiels. Hormis ce problème, c’est du tout bon : on tient là un bien bel album, sur lequel on peut revenir plusieurs fois pour profiter des panoramas splendides. Un épisode un peu moins osé, aussi, mais on gagne en mélancolie et en poésie. Un album qui souligne le trait de Serpieri, qu’on attend maintenant au tournant pour un neuvième opus de la saga, programmé pour bientôt, nous promet-on.

 

 

Stéphane Le Troëdec

 

 

Lire la critique de Druuna tome 1

 

Serpieri (scénario & dessins)

Druuna – Anima

Édité en France par Glénat (20 janvier 2016)

96 pages

15,50 euros

ISBN : 9782344013533

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