Torquato Tasso, une intention romantique qui sonne faux ?
Un décor kitch accueille une introduction musicale trépidante, à la manière des films muets ; s’ensuit un jeu espiègle des gens de cour. Le prince et la princesse focalisent l’attention sur le génie poétique qu’ils hébergent. Le Tasse apparaît dans l’obséquiosité de la courtoisie. Le rythme paraît trop pondéré, quasi protocolaire. Une altercation aux allures de duel verbal dynamise un peu le jeu. Mais Goethe concentre son attention sur le statut de l’artiste, donnant lieu à nombre de tirades éperdues et infécondes. L’argument qui animerait cette œuvre, ce pourrait être de restituer l’insensible inflexion de l’esprit revêche, qui le conduit de la faveur du Prince à la disgrâce. Mais, faute d’être travaillé et développé, le ressort ne porte pas.
Voilà un spectacle raté. Le décor est statique et inexpressif. Les comédiens courent derrière un texte qu’ils semblent ne jamais devoir rattraper. Seul Régis Laroche parvient à donner quelque corps à son personnage et à éviter le naufrage au milieu de cette tempête immobile. Les dialogues sont pesants et emphatiques, nombre de répliques restent mièvres et insipides. La représentation semble obéir à un principe d’extériorité : des acteurs étrangers à la situation, des propos indifférents à l’action, une intention inaccessible au public. Les intuitions bien schématiques d’un romantisme rudimentaire ne sont aucunement mises en valeur. Les personnages en habit d’aujourd’hui déambulent dans un lieu vide en déclamant avec ferveur leur texte. Là notre aptitude à l’abstraction n’est pas mise au profit de la pièce, mais ne peut que confiner à la distraction.
Christophe Giolito
Torquato Tasso de Johann Wolfgang von Goethe, mise en scène par Guillaume Delaveau
Avec Maxime Dambrin, Ivan Hérisson, Régis Laroche, Océane Mozas, Violaine Schwartz
Et Vincent Rousselle
Texte français : Bruno Bayen
Assistante à la mise en scène : Charlotte Bucharles
Costumes : Nathalie Prats, Régie générale : Yann Argenté, Régie plateau : Vincent Rousselle, Régie lumière : Didier Peucelle
Au théâtre Nanterre-Amandiers – salle transformable
7 avenue Pablo-Picasso 92022 Nanterre Cedex
Du mercredi 3 au samedi 27 avril 2013
Production : Compagnie X ici, Théâtre Nanterre-Amandiers, Comédie de l'Est-Centre dramatique national d'Alsace.
Avec le soutien du Théâtre Garonne-Toulouse, l'aide de la Ville de Toulouse, du Conseil général de Haute-Garonne, et la participation artistique du Jeune Théâtre national.
La Compagnie X ici est conventionnée par le Ministère de la Culture - DRAC Midi-Pyrénées.
Le texte Torquato Tasso est publié aux éditions de l’Arche.
Durée : 2h20
Tournée : du 12 au 16 mars 2013 : Théâtre Garonne - Scène européenne, Toulouse.
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